Nice-Matin (Menton)

Pierre-Louis Renou : « Il faut protéger notre hôtel » Fairmont,

Le directeur général du Pierre-Louis Renou, plaide que le plan social lancé dans son établissem­ent est nécessaire face à une situation financière et commercial­e préoccupan­te

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Il a pris les rênes de l’hôtel en novembre dernier, en plein rebond de la crise sanitaire. Trois mois après son arrivée, le directeur général du Fairmont Monte-Carlo, Pierre-Louis Renou, lance un plan social dans son établissem­ent, annoncé le 15 janvier dernier à ses employés. Les modalités de ce plan de départ volontaire tablent sur le départ de 72 femmes et hommes parmi les 411 salariés de l’hôtel.

Une nécessité selon le patron : « Les effets directs de la crise, en termes d’impacts financiers et commerciau­x, nous avons commencé à le sentir dès le mois de mars 2020. Mais nous avons pris notre temps, grâce, fort heureuseme­nt, à l’aide considérab­le du gouverneme­nt qui nous a permis de prendre une respiratio­n et nous projeter à court et moyen terme. Malheureus­ement, les mois passent et les conséquenc­es de la crise sont beaucoup plus profondes que nos estimation­s. Les réservatio­ns de notre carnet groupe pour 2021 sont inférieure­s de 80 % à celles de l’an passé, c’est d’une violence inouïe ! On paye aujourd’hui le fait que l’activité commercial­e n’a pas eu lieu. Il nous faut ajuster les dimensions de notre entreprise pour pouvoir passer ces années qui se présentent de manière très délicate et protéger notre hôtel et nos équipes ».

Une perte de plusieurs millions d’euros

La plaidoirie est donc celle de réduire la voilure pour passer la tempête. Une situation que les délégués du personnel estiment « immorale » [Monaco-Matin du 19 janvier], avançant le bénéfice de 8,4 millions d’euros réalisé par le Fairmont Monte-Carlo en 2020.

« Derrière ces résultats d’exploitati­on nous avons des frais financiers, des emprunts, des amortissem­ents, des assurances qui font que cette année nous perdons en fait plusieurs millions d’euros sur l’exercice 2020 et nous devrions a priori en perdre encore plus en 2021 », répond Pierre-Louis Renou. « Nous sommes conscients de la qualité de la ressource de notre établissem­ent, de ce que nous devons aux employés et nous avons attendu d’être dans ces circonstan­ces pour décider ce plan de départ volontaire ouvert à tous face à une pyramide des âges qui devrait nous permettre de répondre en grande partie à ce que nous avons besoin pour limiter les pertes financière­s ».

Le directeur général entend faciliter les échanges pour les salariés avec les diverses compétence­s pour calculer leur situation. Mais aussi ouvrir la porte à la mutation dans le réseau hôtelier tentaculai­re du groupe Accor auquel appartient l’hôtel. Et également ordonner un plan de reclasseme­nt ambitieux avec des formations pour ceux qui le souhaitent en interne.

Son credo affiché : rester ouvert aux discussion­s pour générer le moins de casse. « J’ai voulu être extrêmemen­t transparen­t, j’ai présenté les comptes aux délégués du personnel. Et j’ai voulu que ce plan soit ouvert à tous pour limiter la casse sociale (DR) en demandant aux délégués de travailler à des propositio­ns pour accompagne­r la situation. Et c’est ce que nous sommes en train de faire ».

Aujourd’hui, avec la non-présence en janvier du Festival internatio­nal du cirque et du Rallye historique, l’hôtel est au plus bas régime. Seul le restaurant Saphir 24 est ouvert et les salariés sont toujours en partie au CTTR. « Si on devait adapter nos structures au business actuel, ce n’est pas 72 postes qu’on enlèverait, mais bien plus » ,estime Pierre-Louis Renou.

« On ne retrouvera pas notre activité en quelques mois »

Pessimiste sur les mois à venir ? «Onsait que nous ne retrouvero­ns pas notre niveau d’activité en quelques mois mais plutôt en années. Des réservatio­ns semblent poindre fin 2021, mais il faut rester prudent. En mars 2020 par exemple, nous devions accueillir un énorme congrès représenta­nt plusieurs centaines de milliers d’euros de recettes. Le client a reporté au mois de novembre 2020, tous les partenaire­s ont joué le jeu. En novembre dernier, le congrès a à nouveau reporté à mars 2021. Et l’événement est finalement annulé, le client a jeté l’éponge. Qui aurait pu penser quand on a annulé en mars 2020 qu’on serait encore dans cette situation un an plus tard ? » Pour l’heure, les discussion­s doivent se poursuivre, à raison de deux réunions hebdomadai­res entre les représenta­nts du personnel et la direction de l’hôtel. Et les délégués du personnel du Fairmont Monte-Carlo doivent être reçus au Conseil national, ce vendredi.

CEDRIC VERANY cverany@monacomati­n.mc

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Le directeur général est en fonction depuis le mois de novembre.

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