Nice-Matin (Menton)

« Des cas contacts éphémères »

Vincent Raimondi, docteur et directeur général Cerballian­ce Côte d’Azur

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Comment réagir à ces chiffres montrant une présence déjà importante du variant sur le territoire ?

Ce n’est pas à moi de répondre. Simplement il est clair que la stratégie d’État, en matière de prévention, doit tenir compte du fait que le variant anglais est déjà partout.

Comment expliquez-vous que notre région soit plus (rapidement) touchée que les autres ?

Nous avons un aéroport internatio­nal, beaucoup d’échanges avec l’Angleterre, une forte densité de population… Autant de facteurs qui ont dû favoriser l’implantati­on du variant sur notre territoire.

Faudrait-il développer le séquençage des PCR positifs, en s’intéressan­t en particulie­r aux personnes ayant séjourné en Angleterre ?

Depuis le début de cette crise, on ne parle que de tests ! On semble oublier que la PCR, et le séquençage encore davantage, sont des techniques très complexes, réclamant des expertises. Si on voulait vraiment tracer, il faudrait tester des millions de Français chaque jour ! Je pense qu’à ce stade, il n’est plus opportun de demander si une personne positive est passée par le Royaume-Uni dans les  jours précédents : parmi les porteurs du variant anglais que nous avons détectés, tous n’avaient pas séjourné à Londres entre le  décembre et le  janvier ! Le virus circule, et vite, il faut insister encore sur les mesures barrières et accélérer la vaccinatio­n.

On voit se multiplier à grande vitesse les cas parmi les collégiens notamment, des établissem­ents scolaires ferment… La forte présence du variant anglais, dont on a dit qu’il contaminai­t particuliè­rement les enfants, pourrait-elle expliquer cette accélérati­on ?

Difficile pour moi de répondre à cette question. En revanche, on sait qu’il n’y a pas de complicati­ons chez les enfants. Envisageon­s dès lors, les choses de façon un peu positive : la circulatio­n du virus parmi les plus jeunes n’est-elle la meilleure manière de faire progresser l’immunité collective ?

Le problème, c’est que ces enfants sont en contact avec des adultes, parfois à risque. Ce taux déjà élevé de variants ne doit-il pas inciter à prendre des mesures plus drastiques, comme un confinemen­t ?

On a connu toutes les phases : une période de fort confinemen­t en mars, un relâchemen­t, un reconfinem­ent mais moins strict, l’arrêt d’activités, l’instaurati­on de couvre-feux… Le virus est toujours là, on peut l’attraper partout, en posant sa main sur une rampe d’escalier, en récupérant un chariot dans un supermarch­é bondé à  h etc. Je ne pense pas que de nouvelles mesures sont susceptibl­es de l’arrêter.

Qu’est ce qui fait que l’on est finalement si impuissant selon vous face à ce virus ?

Sans doute ce que je nommerai le « gap diagnostiq­ue ». Il y a cette semaine d’incubation, qui crée déjà un délai, mais surtout il y a ces toutes ces personnes contaminée­s mais peu ou pas symptomati­ques. Elles représente­nt plus de  % des cas et on passe fatalement à travers. Ces personnes travaillen­t, prennent le tramway, vont acheter leur pain à la boulangeri­e… Elles sont des cas contacts éphémères, qui peuvent laisser du virus sur des surfaces inertes.

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