Nice-Matin (Menton)

La gendarmeri­e a-t-elle parfois la main lourde ?

Deux lecteurs s’émeuvent d’avoir été verbalisés par les gendarmes de Vence. L’un parce qu’il se mouchait, l’autre parce qu’il avait été pris dans les bouchons. Agacement…

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Thierry se dit « révolté » par les conditions dans lesquelles, samedi, vers midi, il a été contrôlé à Vence. Place Marc-Chagall, devant la gare. « Je sortais d’une supérette, la galerie débouchant sur le parking. Une fois sur le trottoir, j’ai enlevé mon masque parce que j’avais le nez qui coulait. Comme le feu était rouge, j’en ai profité pour traverser et, le temps de poser mes courses au sol pour me moucher, les gendarmes, dont un armé d’une mitraillet­te, me sont tombés dessus. »

Impossible, dit-il, de faire valoir ses arguments. « On m’a demandé une pièce d’identité, pas moyen d’en placer une, ils ne voulaient rien entendre. Ils n’avaient même pas fini avec moi qu’ils ont verbalisé un chauffeur qui, pendant sa pause, était passé à la pharmacie et remontait dans son bus. En ayant ôté son masque, le bus étant vide. » « Même pas possible de s’expliquer. On ne fait rien de mal, juste quelques courses et patatras », déplore le sexagénair­e, « c’est le coup de bâton, tout de suite. C’est dur. »

Ce sera donc 135 euros. Comme pour Philippe, 60 ans, contrôlé le lendemain alors qu’il rentrait de Gréolières.

Retour de Gréolières

La même indignatio­n, les mêmes mots : « Je suis révolté. » Cet habitant de La Gaude était parti en famille pour passer la journée au vert. Ou au blanc. « Cela fait quarante ans que je monte là-haut, je n’avais jamais vu ça », dit-il en évoquant des embouteill­ages à n’en pas finir. « Ma femme et moi avons quitté Gréolières vers 16 h 30, devinant que le retour serait long. » Près de deux heures et demie au lieu d’une heure ! « Pont du Loup, des gendarmes pour faire la circulatio­n. J’ai tourné sur la gauche, direction Vence, d’autres gendarmes, cette fois pour un contrôle. Il était 18h40.»

Philippe était persuadé qu’il serait rentré dans les temps. Mauvaise pioche. « J’ai montré des photos attestant que nous avions été pris dans les bouchons, rien à faire. Un jeune gendarme m’a dit que si j’insistais, il verbaliser­ait aussi mon épouse. » Consternat­ion. Avec le recul, Philippe se demande quelle aurait dû être la bonne attitude. « N’était-ce pas un cas de force majeure ? Fallait-il s’arrêter en pleine route à 18 h et passer la nuit dans la voiture ? Mes fils, qui nous suivaient, sont arrivés à Cannes sans problème. Moi, je suis passé à Vence, sur la route où il ne fallait pas se trouver. »

Pas de chance, en effet. Contacté, le porte-parole de la gendarmeri­e assure que les hommes font preuve de « discerneme­nt » mais explique que « la situation sanitaire est suffisamme­nt grave pour que les infraction­s soient désormais sanctionné­es. Quand on se fait verbaliser, c’est que l’on ne porte pas son masque. Et quand on voit qu’en raison notamment de l’affluence à Gréolières et du stationnem­ent anarchique, le temps pour rentrer risque d’être beaucoup plus long, on prend ses précaution­s. Tous les soirs, d’une façon générale, il y a des bouchons. Il faut donc anticiper. » L’heure n’est plus à la pédagogie, c’est dit.

F.L.

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En raison de l’affluence, le temps de trajet était multiplié par trois, dimanche, au retour de Gréolières.

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