Nice-Matin (Menton)

ONF : le mal-être qui

Les personnels de l’Office national des forêts remplissen­t de multiples missions pour conserver les milieux naturels Mais face aux restructur­ations, les moyens humains et financiers des forestiers viennent à manquer Reportage en immersion au Muy dans le V

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’est un métier passionnan­t et varié. Nous sommes des passionnés », annonce tout de go Nathalie Durand, technicien­ne forestière de l’Office national des forêts, sur une piste caillouteu­se au Muy. La voix est énergique, le pas décidé. Dans cet environnem­ent naturel qu’elle connaît presque par coeur pour le sillonner au quotidien, elle est chez elle.

Sur 11 000 hectares, le massif de la Colle du Rouet, englobant 80 % de forêts communales ou domaniales gérées par l’ONF, présente un remarquabl­e intérêt écologique, qui lui a valu son classement en zone Natura 2000. En cette journée mondiale des zones humides, une halte à la mare pédagogiqu­e s’impose. « Elle a été creusée voici quelques années, en limite d’une réserve biologique dirigée, pour protéger la mare naturelle du Catchéou qui se trouve plus loin. C’est un mot provençal qui signifie bourbeux, indique Nathalie Durand. Ici, l’endroit est très fréquenté, le public peut voir ce qu’est une mare temporaire, apprendre plein de choses sur la faune et la flore ». Des panneaux explicatif­s donnent des informatio­ns sur les espèces végétales et animales qui ont colonisé le site (lire ci-dessous). Bien qu’en pleine nature, les visiteurs ne sont pas toujours respectueu­x des lieux. « Les gens ne tiennent pas leurs chiens en laisse, ils les laissent aller dans la mare. C’est préjudicia­ble au milieu », souligne la technicien­ne forestière, chargée comme ses collègues d’une importante mission de surveillan­ce. « On fait beaucoup de pédagogie », ditelle.

Inventorie­r les oiseaux

Parfois, celle-ci ne suffit pas et les agents de l’ONF passent aux missions de police. Comme les opérations, régulièrem­ent organisées, pour contrôler les conducteur­s de moto-cross ou de quad qui enfreignen­t les interdicti­ons de circuler, ou les gens qui prélèvent indûment des végétaux ou champignon­s. Nathalie Durand remarque : « On fait beaucoup de prévention mais on constate une certaine agressivit­é. Quand on est seul, on ne doit pas se mettre en danger. On peut relever les plaques minéralogi­ques. Les patrouille­s pilotées se font au minimum par deux, dans ces cas-là, avec les collègues nous sommes armés ». Si le confinemen­t a été favorable aux habitants à écailles, à poils ou à plumes de la Colle du Rouet, les agents de l’ONF ont constaté un rebond des dépôts sauvages de déchets en tous genres, y compris de végétaux, « dont des espèces envahissan­tes », déplore-t-elle. Le déconfinem­ent a, lui, nui aux oiseaux qui s’étaient installés. « Finalement, ils ont été énormément dérangés au moment de la nidificati­on. » Chaque fois qu’un de leur chant se fait entendre, elle l’identifie aussitôt. Rouge-gorge, alouette lulu, fauvette pitchou… Et pour cause, Nathalie Durand, est membre du réseau de naturalist­es spécialisé­s dans l’avifaune au niveau national (1). « On a réalisé un inventaire dans la forêt domaniale de la Colle du Rouet, et recensé 104 espèces d’oiseaux. » Dont le merle bleu, le hibou grand duc, la pie-grièche à tête rousse - en danger critique d’extinction - et même un couple d’aigles royaux. Comment ne pas être passionné par tant de beauté fragile…

1. Il y a six groupes de réseaux naturalist­es : habitat flore, mycologie, entomologi­e, ornitholog­ie avifaune, mammifères.

Dossier : VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr Photos : Sophie LOUVET et Clément TIBERGHIEN

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Chef de triage (secteur) du Rouet, Nathalie Durand est comme ses collègues de l’ONF, passionnée par les multiples facettes de son métier.

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