Nice-Matin (Menton)

Commissair­es en PJ : le crime qui les a marqués

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Le dernier livre du journalist­e Jean-Marie Pontaut part d’une idée simple : demander à vingtdeux commissair­es de la police judiciaire (le chiffre ne tient sans doute pas au hasard) de raconter « l’affaire de leur vie ».

C’est ainsi que ces grands flics, la plupart à la retraite et dont beaucoup ont travaillé dans le Var ou les Alpes-Maritimes, regardent dans le rétroviseu­r et livrent chacun le récit palpitant d’affaires marquantes, voire traumatisa­ntes.

Plusieurs d’entre eux évoquent des crimes restés impunis qui les obsèdent encore aujourd’hui. Frédéric Péchenard, figure du 36, quai des Orfèvres, évoque « le grêlé » ce suspect à la peau reconnaiss­able, coupable d’au moins trois meurtres, jamais interpellé. Gilles Leclair reste hanté par et le mystère des quatre jeunes filles assassinée­s le long de la RN 20 dans les années quatreving­t.

Une affaire dont la prescripti­on a assuré l’impunité de l’auteur présumé : « J’ai le sentiment que nous avons remis dans la nature un serial-killer… J’ai encore du mal à contenir ma colère. », confie celui qui était alors à la Crim’ de Versailles.

Christian Lothion, choisit lui, l’enlèvement de la femme du caissier du casino de Mandelieu-La Napoule.

Une affaire résolue. Sans doute parce que son passage à la PJ de Nice, dit-il, est « la période la plus excitante de ma carrière ».

Libérée sans rançon

C’est Frédéric Veaux (l’actuel grand patron de la police nationale) qui contacte les ravisseurs. Une remise de rançon doit avoir lieu sur le parking d’un supermarch­é d’Antibes.

Un ancien braqueur, « indic » de Christian Lothion, permet de libérer la victime enfermée et bâillonnée dans le coffre d’une voiture avant même le versement de la rançon de 700 000 francs. La version officielle sera longtemps celle d’une découverte fortuite... Cette affaire parmi d’autres est l’occasion de se replonger avec nostalgie dans le grand banditisme à l’ancienne, avant l’avènement de la police scientifiq­ue et des comparaiso­ns d’ADN.

« C’est ce goût de l’humain qui faisait le sel du métier de policier », rappelle Christian Lothion, un brin nostalgiqu­e.

À l’époque, moult affaires étaient résolues grâce à un tuyau récupéré à des heures indues dans des endroits plus ou moins recommanda­bles.

Christian Sainte peut en témoigner avec l’affaire tragique dite du « sarcophage ».

Une jeune femme prénommée Stéphanie avait été tuée à Marseille, placée dans une armoire métallique puis coulée dans le béton.

Un SDF pris de remords permettra l’arrestatio­n des trois meurtriers condamnés à perpétuité. « L’image du corps supplicié de cette jeune femme ne me quittera jamais », se souvient Christian Sainte.

CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr L’affaire de leur vie. Confession­s des grands flics de la PJ. Jean-Marie Pontaut, éd. Taillandie­r, 18,90 euros.

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