Nice-Matin (Menton)

Les étudiants en Santé sontils une génération sacrifiée ?

Victimes d’un nombre de places amputé par les redoublant­s de l’ancienne version PACES, les primants en médecine PASS/L.AS ne trouvent pas leur compte dans la réforme applicable depuis la rentrée

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Un gâchis qui concerne chaque année 25 000 étudiants. » Les mots sont d’Emmanuel Macron, désireux comme il l’avait déjà laissé entendre lors de la campagne présidenti­elle, de jeter une bonne fois pour toutes à la poubelle le fameux « numerus clausus » consistant à limiter le nombre de personnes admises à un concours ou, pour les étudiants en première année de médecine, le nombre d’admissions en deuxième année.

Une tradition ancrée depuis un demi-siècle (1971 très précisémen­t) dans les usages français et qui avait pour intérêt supposé l’adaptation du nombre de diplômés aux besoins réels du pays. C’est ainsi qu’en moyenne, un cinquième seulement des effectifs inscrits en première année de médecine se voyait admis en deuxième année. Avec, à la clé, une énorme frustratio­n pour les recalés, et ce gâchis constaté par le président de la République.

Un « embouteill­age » entre redoublant­s et primants

Le candidat Macron avait donc promis une réforme des études de santé qui est intervenue à la rentrée 2020 (loi du 24 juillet 2019) avec un objectif de +20 % de médecins formés au niveau national. Changement de nom (la PACES – Première année commune aux études de santé – devient le PASS – Parcours d’accès spécifique santé ; liberté laissée à chaque faculté de médecine de définir une moyenne d’admission en deuxième année ; possibilit­é pour les étudiants ayant validé leur année mais non admis automatiqu­ement de passer un concours ; redoubleme­nt interdit en PASS ; deuxième voie d’accès aux études de médecine créée avec les L.AS (Licences accès santé)... Voilà un résumé des changement­s apportés au système antérieur. Sauf que, de toute évidence, les attentes des étudiants, déjà fortement touchés par la crise, sont extrêmemen­t déçues. En cause, « l’embouteill­age » provoqué par les redoublant­s de PACES et les primants de PASS/L.AS qui ferme un peu la porte à ces derniers. C’est ainsi qu’un peu partout en France, en marge d’une action nationale, des collectifs se sont créés sous la bannière PASS/L.AS. Leur volonté ? « Combattre le risque d’injustice lié aux (Photo F. C.) problèmes de quotas que génère cette année de transition entre l’ancien et le nouveau système », précise sur son Facebook le collectif niçois qui regroupe plus de 700 membres.

« L’urgence, développe Mélanie, est d’obtenir un “numeris apertus” le plus élevé possible. Pour cela, il est indispensa­ble que la Faculté de Nice demande 33 % d’augmentati­on de capacité d’accueil. Ce qui a été proposé ne suffit pas, il manque une quarantain­e de places. »

A Paris, on a anticipé

En ce sens, le collectif a récemment écrit au maire de Nice, Christian Estrosi, pour lui détailler la situation. Il lui demande d’intervenir auprès de l’UCA (l’Université Côte d’Azur) afin d’atteindre 218 places pour les PASS et L.AS au lieu des 178 proposées par l’Université. Moins de places à la sortie et redoubleme­nt impossible : pour ceux qui se retrouvent coincés entre l’ancienne version PACES et le nouveau régime PASS/L.AS, le sentiment d’être une génération sacrifiée est bien présent dans les esprits. D’autant qu’à Paris, les facs de médecine ont pour leur part anticipé le problème en augmentant le nombre de places de sortie de 33 %, voire de 47 % à la Sorbonne. À Nice, les politiques se sont emparés du problème comme la sénatrice LR Dominique Estrosi-Sassone qui dénonce sur Twitter « une vision théorique difficilem­ent compréhens­ible pour les étudiants de première année », ou encore le député LR Eric Ciotti qui s’est fendu de trois courriers à l’attention de la ministre de l’Enseigneme­nt supérieur, Frédérique Vidal. En visite aujourd’hui à Nice, où elle inaugurera un restaurant solidaire pour les étudiants, celleci réussira-t-elle à apaiser les tensions ? A voir...

ÉRIC FAREL efarel@nicematin.fr

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Les étudiants en première année de médecine ont le sentiment d’être sacrifiés.

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