Le dernier costume de Joséphine à Monaco
Demain soir, l’émission Secrets d’Histoire consacre son nouveau numéro à la vie engagée, sur et en dehors de la scène, de Joséphine Baker. L’occasion d’exhumer un costume de scène inédit
Née aux États-Unis en 1906 et enterrée à Monaco en 1975, Joséphine Baker était une résistante française et femme d’exception à bien des égards. Un destin d’héroïne qui fera l’objet du nouvel épisode de Secrets d’Histoire, diffusé ce lundi soir sur France 3 ,à21h05. Un documentaire inédit qui a conduit les équipes de Stéphane Bern en Principauté. Ruinée et expulsée de son château en Dordogne en 1969, la « Vénus d’ébène » avait en effet été prise sous l’aile bienveillante de son amie la princesse Grace, qui accueillit sa « tribu arcen-ciel ». Douze enfants de toutes confessions adoptés de par le monde.
Une tranche de vie qui mène à la renaissance artistique de Joséphine Baker. D’ailleurs, le tournage a été l’occasion de dévoiler une tenue de scène unique, et sa coiffe, précieusement conservées à Monaco.
« Carnaval à Rio »
L’endroit est secret. L’une des quatre réserves principales du NMNM qui abrite des milliers de costumes et accessoires de scène issus essentiellement de la SBM et de l’Opéra de Monte-Carlo. Dont des dizaines de reliques portées par Joséphine Baker.
Parmi elles, les costumes de son tout dernier spectacle à Monaco, le Gala de la Croix-rouge, en août 1974 dans la Salle des Etoiles. « Il avait été financé par la princesse Grace et le prince Rainier III, qui lui permettent de remonter sur scène après une période de sa vie très difficile.
La princesse Grace a eu un rôle fondamental, elle l’a vraiment sauvée », rembobine Célia Bernasconi, conservateur (Photos Jean-François Ottonello) en chef du NMNM. Sorties de leur coffret, la robe et la coiffe du tableau final « Carnaval à
Rio ». « Ce sont des éléments toujours difficiles à manipuler, très fragiles à la lumière et non conservés à la position verticale parce que ça abîme les vêtements ». Des pièces exceptionnelles puisque jamais prêtées à l’extérieur.
« Elle joue des clichés »
Une mise en perspective émouvante et pleine de sens pour Célia Bernasconi qui, sous le vernis de la meneuse de revue exotique postcolonialisme, perçoit un combat de chaque instant. « Ça peut paraître paradoxal, mais je crois que Joséphine Baker avait une très grande distance par rapport à ça et pas mal d’humour aussi. Quand on voit ses grimaces et la façon dont elle se promène sur scène, elle joue beaucoup de ces clichés aussi. »
Un art du contre-pied qui résume l’intelligence d’une grande dame de la Résistance. « Pendant la Guerre elle entrait dans toutes les ambassades en tant qu’agent d’intelligence et de renseignement », souligne Célia Bernasconi. «On voit cette image de femme de music-hall un peu superficielle, avec ses strass, mais quand on regarde la femme qui habitait le costume et qui elle était, c’est absolument extraordinaire. Elle va à l’encontre des clichés. Elle a marché pour les droits civiques américains, s’est battue contre la ségrégation. » Une grande femme à redécouvrir dans le petit écran.
THOMAS MICHEL tmichel@nicematin.fr
(Photos Eric Ottino)
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Teresa Maffeis, de l’Association pour la démocratie niçoise.