Nice-Matin (Menton)

« De sauvage nue à première icône noire »

Lise Thomas-Richard, rédactrice en chef de ce numéro de

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L’équipe de Secrets d’Histoire (France Télévision­s) a tourné à Monaco et ses environs à l’automne dernier.

Pourquoi Joséphine Baker ?

C’était prévu depuis quelque temps, avant même Black Live Matters et tout ça, car c’est un personnage avec une vie très riche. La première star et icône noire. Il y a également son activité de résistante, de militante des droits de l’Homme, un combat qui a une résonance aujourd’hui.

Mesuriez-vous l’importance de Monaco dans son parcours ?

Non, et c’est grâce à Monaco qu’elle a pu rebondir et terminer sa carrière en beauté, à une période où elle avait du mal à obtenir des contrats. Sur la scène parisienne, elle avait été aidée par Jean-Claude Brialy. Quand il lui propose Bobino, elle considère que c’est un retour par la petite porte mais il lui répond : « Avec toi Joséphine, c’est la grande porte ! ».

Sa vie et sa carrière forment des montagnes russes qui montent aussi haut qu’elles redescende­nt…

Oui, c’est un destin intéressan­t. Celui de quelqu’un qui est né dans la misère à Saint-Louis, a vécu la grande vie et connu des périodes difficiles. Il y a   périodes. Ce que j’aime bien dans le personnage aussi, c’est que ce n’était pas forcément la meilleure chanteuse ou danseuse. Quand elle arrive au théâtre des Champs Elysées, ils trouvent la revue trop sage et, pour que ça marche, ils la font danser nue et elle arrive à dépasser tous les stéréotype­s. On lui demande d’incarner la sauvage nue et elle dépasse ça pour devenir une icône.

Un personnage du XXe siècle qui, un peu comme James Baldwin, a découvert la liberté en France et n’a jamais feint son attachemen­t…

Oui, à son arrivée en  c’est un choc pour elle de ne pas être victime de ségrégatio­n. Ce qui est touchant aussi, c’est sa relation entre amour et haine avec les États-Unis. À la fois elle tourne le dos en changeant sa chanson J’ai deux amours. Elle dit

« Mon pays c’est Paris », alors qu’avant c’était « Mon Pays et Paris » (Elle a été interdite de séjour un certain temps aux États-Unis) Et en même temps, dans nos témoignage­s de sa secrétaire et ses enfants, il y a cette idée qu’elle voulait reconquéri­r les États-Unis. Et à la fin de sa vie, en , elle triomphe au Carnegie Hall et réussit son pari.

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