Coups de couteau mortels à Mons : la piste du conflit de voisinage
Résilience. Si ce terme est utilisé, aujourd’hui, à tort et à travers en politique, il trouve toute sa justification auprès des habitants de Mons – cette commune varoise proche de Saint-Cézaire-sur-Siagne – bouleversés au plus profond de leur être le mois dernier par le meurtre de Samy P., 27 ans, poignardé à 14 reprises par J. pour un mobile que les gendarmes cherchent aujourd’hui à préciser. « Nous sommes toujours sous le choc, mais nos pensées vont vers les familles de Samy et sa compagne, confie une habitante du village. C’est pour eux que c’est évidemment le plus dur. Cette affaire laissera des traces ; il faudra beaucoup de temps pour qu’elle cicatrise. » « Il y a de la colère aussi, renchérit un habitué de la place Saint-Sébastien. Ici, c’est petit. On a vite su qui était l’auteur du crime, et les raisons. Il a beau jeu de vouloir se faire passer pour fou… »
Le meurtrier aidé dans sa fuite ?
Car s’il est acquis que J., 25 ans et, aujourd’hui, en détention provisoire, souffre de problèmes psychologiques, pour bon nombre d’habitants de Mons, le véritable mobile ayant conduit le jeune homme à cet acte insensé serait un simple conflit de voisinage. Une piste qui intéresse fortement les enquêteurs. Selon nos informations, (Photo V. W.) des techniciens en identification judiciaire auraient saisi ces derniers jours une machine à laver afin d’y rechercher des traces ADN.
Une ou plusieurs personnes auraient-elles aidé, voire hébergé, J. dans sa fuite ? La question se pose. Car le suspect avait été interpellé à Bagnols-en-Forêt le 10 février, une semaine après le meurtre. La veille, il avait été reconnu dans une pharmacie de Callian où il était venu acheter des pansements.
Blessure à la main
J. et trois amis multipliaient depuis quelque temps les beuveries jusqu’à tard dans la nuit sur un terrain appartenant à son père et où sont toujours installées trois caravanes. Celles-ci se trouvent à environ 100 mètres du chalet où Samy et sa compagne s’étaient établis depuis trois mois. Un soir, dérangé par le bruit récurrent, le Monsois aurait demandé au groupe de baisser le son. Des paroles auraient été échangées. Même si J. n’est pas un enfant du village – contrairement aux premières informations communiquées –, Samy vivait sur un terrain qui avait appartenu il y a plus de vingt ans à ses grandsparents. Une situation que le jeune homme avait du mal à accepter, selon ses dires aux gendarmes.
Le 3 février, en début de soirée, J. se serait rendu chez le jeune couple pour s’expliquer à nouveau. Était-il seul ? A-t-il été « poussé » par ses amis ? En tout cas, dans la lutte, il s’est blessé assez sérieusement à la main. Saignant abondamment, il s’est alors dirigé vers la maison d’une voisine, absente ce soir-là, sans doute pour y rincer sa blessure à un robinet extérieur. Grâce à ses traces, les gendarmes ont pu rapidement l’identifier, via l’ADN de son père.
Un mois après ce drame qui a ébranlé la petite communauté monsoise, si la peur n’est plus d’actualité, de nombreuses interrogations demeurent. « Mais de savoir que le suspect dort en prison et que les gendarmes poursuivent leurs investigations est un réel soulagement », conclut le maire Patrick de Claerens.
VINCENT WATTECAMPS