Français vaccinés hier selon Olivier Véran
La campagne vaccinale accélère avec la mise en place d’opérations d’ampleur pour accroître le rythme. Mais la situation sanitaire reste « préoccupante et tendue ».
Face à la propagation du virus et de variants, des opérations de vaccination de masse ont été lancées dans plusieurs régions de France où le virus circule le plus activement.
Le Premier ministre Jean Castex, qui s’est rendu hier après-midi dans un centre éphémère de vaccination dans l’Essonne, a promis que le gouvernement allait « mettre le paquet sur la vaccination » en mars et avril car les prochaines semaines resteront « très sensibles ». Et d’ajouter : « Ce variant risque de nous reconduire, je n’en sais rien, peut-être à reconfiner ». Le turbo a donc été mis tout le week-end grâce à des centaines de milliers de doses du vaccin AstraZeneca restées dans les placards.
Bords de Seine évacués
Pour éviter les rassemblements à Paris, l’interdiction de consommer de l’alcool a été étendue à de nouvelles zones, dont les quais de Seine, où des centaines de Parisiens (qui profitaient hier dans l’après-midi du soleil) ont tout de même été évacués par la police, la foule nombreuse ne respectant pas toujours les gestes barrière. L’objectif du gouvernement est d’atteindre dix millions de primoinjections (Photo Éric Ottino) à la mi-avril, vingt millions à la mi-mai et trente millions cet été.
« Devoir d’exemplarité »
Actuellement, moins de 3,4 millions de Français ont reçu au moins une
dans un pays qui rêve de démocratie directe, un précédent à méditer pour éviter de rééditer demain les mêmes erreurs.
Le Chancelier autrichien Sebastian Kurz annonce qu’à l’avenir, son pays et le Danemark ne comptent plus dépendre de l’Union européenne en matière de vaccination. Ils vont coopérer avec Israël pour produire les médicaments destinés à combattre les futures mutations du coronavirus. L’Australie, la Grèce, la République tchèque et la Norvège devraient aussi être de la partie. Déjà, certains pays étaient dose. Face à la vaccination des soignants jugée encore très insuffisante par le gouvernement, elle est «une exigence éthique », a estimé hier l’Ordre des médecins, qui fait appel à leur « devoir d’exemplarité ». « La protection des patients est un devoir professionnel fondamental des médecins comme de tous les soignants » ,asouligné l’Ordre dans un communiqué. Dans un autre registre, alors qu’il était en déplacement dans la Creuse auprès des éleveurs, le Premier ministre a annoncé hier matin qu’il «nedébranchera pas tout de suite » les aides au secteur de la restauration. Jean Castex prévoit ainsi des « actions symboliques » pour soutenir le secteur, comme la mise en valeur de la gastronomie au deuxième semestre 2021. Interpellé par le président de la communauté d’agglomération de Guéret, Eric Correia, sur la situation des intermittents du spectacle, Jean Castex les a invités « à aller se promener en Allemagne, en Italie voir combien ils sont indemnisés »...
Mais le virus se rit des procédures et des négociations. La stratégie commune de l’Europe, qui se voulait précautionneuse et rassurante, suscite aujourd’hui déception et impatience. La comparaison avec le Royaume-Uni et Israël, il est vrai, n’est pas flatteuse.
Le paradoxe est que la santé, selon les traités, ne relève pas de l’Union mais de la compétence des États. L’Europe de la santé est née de la crise du coronavirus. Lui survivra-telle ? La réponse est oui, si elle sait tirer les leçons de ses manquements.
De nombreuses voix s’élèvent au sein de l’hôpital et parmi les mandarins pour rendre la vaccination des soignants obligatoires.
Car la situation est baroque... Tandis que des millions de Français enragent de devoir attendre, beaucoup d’infirmiers, d’aides-soignants et d’employés des Ehpad, refusent de se faire vacciner. A ce jour, le quart seulement des doses qui leur sont destinées ont trouvé preneur. D’autant plus perturbant que la Covid est devenue la première maladie nosocomiale. patients se seraient contaminés à l’hôpital.
Le monde médical n’aurait-il plus confiance dans la médecine ? Le virus anti-vax aurait-il contaminé les blouses blanches ? Les témoignages suggèrent plutôt une forme
d’attentisme frondeur où se mêlent sentiment de ne rien risquer, crainte des effets secondaires, malaise social, méfiance envers le gouvernement et les autorités de santé. Voire, chez les plus politisés, anti-macronisme militant.
Pas sûr que l’obligation soit la bonne méthode. Le gouvernement, qui craint de braquer les esprits et créer de véritables foyers de résistance, voudrait éviter d’en arriver là.
Reste la persuasion. Et la preuve par les faits : dans les Ehpad, où % des pensionnaires ont été vaccinés, la mortalité a été divisée par deux en un mois.
Mardi
« Cette fois, on a l’impression que ça y est, le diesel est lancé. »
Mercredi
Vendredi
vaccinations dans la journée. Dont primo-injections. Le record depuis le début de la campagne vaccinale. Cette fois, on a l’impression que ça y est, le diesel est lancé.
Les freins qui l’entravaient sont levés ou en passe de l’être. Avec l’ouverture de la vaccination aux
- ans, le recours aux pharmaciens et aux infirmières, il y a de solides raisons de penser que d’ici à l’été, l’ensemble des populations
« à risque » auront été mises hors de danger. Pour mémoire, la vaccination n’est pas un acte politique, ni une manifestation d’allégeance à quelque pouvoir ou « système » que ce soit : c’est la seule façon, d’en sortir.