Nice-Matin (Menton)

A l’hôpital Pasteur, le sujet est plutôt piquant

-

Florence est femme de ménage, Sandrine est aide-soignante. Toutes deux hostiles au vaccin, même si Sandrine a franchi le pas. Leur représenta­nt syndical FO, Michel Fuentes, s’est laissé convaincre de se faire vacciner, parlant d’une « responsabi­lité à l’égard des patients ». Pour Florence et Sandrine, le débat reste ouvert. Florence, d’abord. Femme de ménage à l’hôpital Pasteur, elle estime que « nous n’avons pas encore un retour suffisant » et se fonde sur son expérience du vaccin contre la (Photo F.L.) grippe :

« Malade deux jours, une loque pendant toute une semaine ». Pour elle, pas question de passer par la case injection. «Jene sais pas ce qu’il va se passer dans mon corps. Quel effet dans six mois? Dans un an? Un vaccin peut engendrer des maladies, une faiblesse », assure Florence qui ne croit pas une seconde à l’éventualit­é d’une couverture obligatoir­e : « Ou alors, il va falloir qu’ils m’attachent ! » Sandrine aussi était hostile. N’empêche, elle a reçu une première dose de Pfizer. A sa demande. « J’ai un facteur de comorbidit­é », explique cette aide-soignante du CHU qui souffre d’hypertensi­on et d’apnée du sommeil : «J’enai jusqu’à vingt-cinq par nuits, je dors sous assistance respiratoi­re. » « Anti-vaccin de nature », Sandrine a l’impression de devenir « plus craintive en vieillissa­nt ». Elle a fini par prendre peur et a décidé d’accepter l’injection. « On voulait me donner l’AstraZenec­a, j’ai dû insister pour avoir le Pfizer. »

« Je suis infirmière libérale et j’ai 50 ans J’étais donc dans la cible, et même dans la première vague des ciblés ». Pourtant, la Cagnoise Caroline Festin, une infirmière à domicile âgée de 50 ans, n’a reçu sa première injection d’Astra Zeneca que samedi, chez son médecin traitant, et non au CHU le 3 février, comme cela avait été envisagé avant que le rendez-vous pris ne soit repoussé.

« Mes patients ne comprenaie­nt d’ailleurs pas pourquoi ils étaient vaccinés avant moi ».

« La seule façon de s’en sortir »

Etre vaccinée, c’était pour elle une évidence. Un devoir moral, « pour donner à mes patients toutes les chances de les protéger. Je ne veux pas avoir la responsabi­lité d’avoir transmis le virus ».Il y a plusieurs semaines, « mon fils de 13 ans a été testé positif. Il a tout de suite pensé : « comment va faire maman avec ses patients qui sont si vieux ». «

On l’a isolé dans une pièce, on lui passait les plateaux ». Aucun autre membre de cette famille de six n’a été contaminé. « Mais j’ai eu très peur. Je faisais encore plus attention. J’en ai vidé, des flacons de gel hydroalcoo­lique. Je les accroche au pantalon pour en avoir toujours sur moi ».

« Un problème d’informatio­n »

« Se faire vacciner c’est la seule façon de s’en sortir. Sans le vaccin, on n’y arrivera pas ».La réticence de certains soignants à l’idée de se faire vacciner, « je pense que ça vient d’un problème d’informatio­n. On entend tout puis son contraire. Moi-même, je ne voulais pas de l’Astr Zenaca. J’aurais préféré le Pfizer. Mais je n’ai pas eu le choix. On disait que l’AstraZenec­a n’était pas aussi efficace que les autres vaccins, notamment chez les plus de 65 ans. Cela a été démenti ensuite mais les gens sont restés là-dessus. Pourquoi ne pas attendre d’être sûr avant de diffuser une informatio­n ? » Faut-il obliger les soignants à se faire vacciner ? Caroline Festin ne le pense pas. « Mais en libéral, on n’a pas le choix. Car si je suis malade et que je dois m’arrêter de travailler plusieurs jours, je ne gagne plus rien. Travailler en établissem­ent est très difficile, je le sais, mais si les indemnités des personnels réticents au vaccin étaient suspendues pendant leur absence, peut-être réfléchira­ient-ils autrement ».

MATHILDE TRANOY

 ??  ??
 ??  ?? Florence et Sandrine, accompagné­es de leur représenta­nt syndical, Michel Fuentes.
Florence et Sandrine, accompagné­es de leur représenta­nt syndical, Michel Fuentes.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France