Nice-Matin (Menton)

Un père privé de son fils depuis quatre ans

Un Azuréen, habitant Bonson, tente de faire appliquer un jugement alors que son ex-femme et leur fils sont partis clandestin­ement en Ouzbékista­n, à 5 000 km de la France.

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Sylvain Roy, 50 ans, musicologu­e, lance depuis le village de Bonson un appel désespéré. Il s’est marié en 2014 à Kamilla, de nationalit­é ouzbèke. Depuis 2017, la mère et l’enfant ont quitté le foyer. Kamilla a lancé une procédure de divorce. Alors que l’audience de conciliati­on était fixée en mai 2017, elle a disparu avec l’enfant. Sylvain est, depuis, privé de son fils de 5 ans. Kamilla vit à nouveau dans son pays natal, en Asie centrale. Elle avait pourtant rassuré le juge aux affaires familiales français en affirmant ne pas avoir l’intention de repartir dans son pays.

Une fonctionna­ire du consulat pointée du doigt

Depuis, Sylvain Roy remue ciel et terre pour voir son petit garçon. Dernier épisode en date, il a mandaté son avocat, Me Gérard Baudoux, pour déposer une plainte avec constituti­on de partie civile auprès du doyen des juges d’instructio­n. Plainte pour faux, usage de faux, soustracti­on d’enfant qui a mis six mois pour être enregistré­e !

« Nous avons acquis la conviction que l’enfant, de nationalit­é française, dépourvu de passeport, n’a pu quitter le territoire national qu’avec la complicité d’une personne du consulat d’Ouzbekista­n. Il y a eu manifestem­ent un faux. » L’enfant, de nationalit­é française, a pu quitter le territoire sous une nouvelle identité avec un passeport ouzbèk. Une fois à Tachkent, Kamilla a obtenu d’ajouter la mention « né de père inconnu ». Sylvain Roy met nommément en cause une fonctionna­ire ouzbèke, Zakhro X, du consulat à Paris. Depuis la séparation du couple, (Photo Ch. P)

Sylvain Roy n’a pu voir son fils qu’à cinq reprises. Et la crise sanitaire n’a pas arrangé la situation : « Je me suis rendu quatre fois en Ouzbékista­n. En août 2018, je n’ai passé que 45 minutes avec lui sur quinze jours. »

Ce père meurtri échange quelquefoi­s en visioconfé­rence avec son enfant qui ne parle pas français. Le 19 février 2020, un juge aux affaires familiales français a prononcé le divorce. L’autorité parentale exclusive a été confiée au père. La mère bénéficie d’un droit de visite deux fois par mois pendant deux heures pendant un an, selon le jugement.

Indifféren­ce des autorités ouzbèkes

Des décisions sans lendemain. La convention de La Haye qui ordonne le retour immédiat d’un enfant retenu illiciteme­nt n’a pas davantage d’effet sur les autorités ouzbèkes, indifféren­tes également aux demandes de coopératio­n de la France.

« On est face à un blocage. Des élus sont intervenus mais rien ne se passe », constate, désabusé, Sylvain.

« Mes parents souffrent également beaucoup de ne pouvoir profiter de leur petit-fils. » « Il est quand même choquant que la France ne parvienne pas à faire appliquer un jugement », enchérit Me Gérard Baudoux. La plainte déposée à Nice sonne comme un nouvel appel à l’aide.

CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

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Sébastien Roy ne peut voir son enfant que de manière sporadique en Ouzbékista­n, à  km de Bonson. Il vient de déposer plainte avec constituti­on de partie civile à Nice.

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