Nice-Matin (Menton)

Le grand bol d’air

Et de trois ! Et si possible le dernier... Les Azuréens soumis au confinemen­t en « formule week-end » ont profité hier de leur petite heure de sortie pour renouer avec leur bord de mer.

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Après deux weekends de fermeture, Prom’ et plages ont rouvert aux piétons hier à Nice. Ils pouvaient même s’aventurer sur la chaussée interdite aux véhicules. Et l’opération continue aujourd’hui. La capitale azuréenne rejoint ainsi la plupart des autres grandes villes du littoral qui avaient, d’entrée, fait le choix de laisser leur bord de mer ouvert voire d’étendre la piétonnisa­tion. Menton remet ainsi le couvert tout le weekend avec une promenade du Soleil toute entière dédiée aux promeneurs et aux cyclistes. Antibes double la mise aujourd’hui, avec deux sections de son bord de mer sans voiture. À Cannes, les piétons continuent de déambuler sur les trottoirs de la Croisette et du boulevard du Midi. Pour toutes ces communes, une seule ligne de conduite : rien de tel que le grand air pour laisser le virus à distance et garder le moral.

Un bouledogue français fait la sieste sur la Promenade des Anglais. Il est vautré de tout son long à l’ombre des chaises bleues. Son maître plongé dans la contemplat­ion d’une mer d’huile, soleil au zénith et radieux. Pas un bruit de voiture. Zéro trafic sur l’asphalte. Parfois un avion, mais rarement. Juste le roulement des vaguelette­s sur des galets fraîchemen­t ratissés, un souffle d’air frais pour s’aérer les idées.

Hier, affluence maximale en Baie des Anges pour un week-end confiné, mais pas trop. Merci le ParisNice, devenu Paris-Levens, dont les coureurs ont le bon goût d’éviter un littoral sous contrainte.

Dans le rayon théorique des fameux cinq kilomètres et dans la limite hypothétiq­ue de soixante petites minutes, il est possible de baguenaude­r sans s’exposer à une ondée de PV. Ce dont les badauds, à pied comme à vélo, ne se seront pas privés.

« Avoir le droit de marcher de l’autre côté de la Prom’ et pas le long de la mer, rien de logique, c’était paradoxal, arbitraire » , estime Djokovic, « comme le champion de tennis », écoeuré d’avoir été cloîtré durant les deux weekends précédents.

Mounir, 26 ans, ingénieur francilien, s’est offert cinq nuits dans un grand hôtel du front de mer. « Tant pis pour les restaurant­s, je suis venu pour le beau temps. » Aucun regret, la météo ne l’a pas déçu, quelques visites aux amis et déjà le vol retour pour Paris.

« C’était long »

« Un mois que je n’avais pas nagé », grelotte Clément, 34 ans. Transi après vingt minutes d’immersion dans une eau à 14°: « J’ai la mâchoire engourdie, je peux à peine parler. » Sans articuler, il bredouille que le bain lui manquait. « Pour mon travail, je pars le matin à 7 heures et je rentre le soir après 20 heures. Deux week-ends à ne pas pouvoir profiter de la mer, c’était long. »

Logan, 30 ans, n’en pouvait plus. Sur son tee-shirt, un slogan modeste : « Et Dieu créa les Niçois ». Carrément. Ce gaillard qui réside au port déambule sans masque, ce qui ne l’empêche pas de se méfier. « J’en ai toujours un à portée de la main, au cas où je croiserais la police. Mais en plein air, comme ici, franchemen­t, hein… »

Sa compagne, visage à moitié mangé par un FFP2, avait des fourmis dans les jambes. Et surtout, la Promenade lui manquait. « C’est un peu notre maison. Notre identité. On vient tous les week-ends. » Logan renchérit : « Oui, ras-le-bol. Pour la première vague, tout le monde a joué le jeu. Au deuxième

(Photo d’archives Sébastien Botella)

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