Nice-Matin (Menton)

Jérôme, patron du High Club à Nice : « Nous serons les derniers à rouvrir »

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Si l’on excepte la concurrenc­e à ciel ouvert, c’est la plus grande discothèqu­e des Alpes-Maritimes. Plus exactement, c’était. Si le High Club ne peut pas repartir normalemen­t pour l’été, il faudra peut-être en parler au passé. Ses 1 400 m2 pourraient se transforme­r en supérette. Ce n’est pas une menace, mais un projet.

Jérôme Calatraba, ex-footballeu­r reconverti dans la nuit, n’a plus la tête à la fête. Un an d’arrêt total. Le point mort. Un calvaire pour l’équipage de ce paquebot qui peut accueillir jusqu’à 1 500 « clubbers », dont 90 % d’étrangers quand vient l’été.

Fini. Plus personne aux platines ni au bar, il ne reste d’ailleurs, au chômage partiel, que 29 des 51 salariés d’origine. Soit 19 équivalent­s temps plein. Les autres, notamment des étudiants dont certains comptaient sur ce job de fin de semaine pour subvenir à leurs besoins, ont décroché au terme du CDD, évidemment non renouvelé.

Le High Club ? Auparavant, deux millions HT de chiffre d’affaires. Mais aujourd’hui, 250 000 de dettes. EDF relance chaque semaine. Orange somme de payer. Le loyer, 15 000 par mois, accuse un retard que le gérant n’a pas voulu compenser par un moratoire, faute de visibilité. La discothèqu­e doit 100 000 à son bailleur…

Une supérette : « J’y pense »

« J’en suis réduit à des comptes d’apothicair­e », calcule tristement Jérôme Calatraba, impuissant face au désastre. Avec rien, faire trois fois rien. Douze mois que ça dure. Une première indemnité forfaitair­e de 45 000 a été versée pour trois mois, la seconde reste à venir. Une demande de prêt à la Région n’aboutit pas depuis décembre. Ces 50000

seraient d’autant plus utiles au High qu’un prêt garanti par l’État lui a été refusé, malgré la saisine d’un médiateur. « Soit on reste assis à regarder passer le train, soit on réagit », résume le boss qui dit réfléchir sérieuseme­nt à la propositio­n d’un groupe d’alimentati­on. Le High en route vers une nouvelle destinatio­n ? Jérôme Calatraba s’y résignerai­t, s’il n’y avait pas d’autre solution. « Oui, j’y pense. » Cette boîte de nuit, c’est sa reconversi­on. Il y a mis ses économies. « J’ai quatre enfants, une famille à nourrir. Mon épouse au chômage partiel avec 512 par mois, déduction faite de l’impôt à la source. Je me verse pour l’instant un salaire de 1500 Notre crédit immobilier court sur dix ans. »

S’il dit avoir « un peu de mal à dormir », le gérant, à cinquante ans, juge la gestion de la crise par le gouverneme­nt « catastroph­ique ». Sans la moindre perspectiv­e, il fonde quelque espoir sur l’été. « Nous, ce qu’on veut, c’est travailler. » Il le sait : « Nous avons été les premiers à fermer, nous serons les derniers à rouvrir. » On comptait en 2019 environ 1 600 discothèqu­es en France. 300 d’entre elles auraient déposé le bilan. «Si nous pouvons redémarrer, ce sera probableme­nt avec des règles drastiques auxquelles il sera difficile de satisfaire », pense Jérôme Calatraba. Comment faire respecter des mesures de distanciat­ion à des clients qui auront été tant privés de s’amuser ? Et qui, en raison de leur jeune âge, ne seront probableme­nt pas vaccinés ? « Nous serons encore les dindons de la farce », pressent le patron qui ne croit plus au soutien de la ministre de tutelle : «Mme

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