, et mars à Aix : chronologie d’un fiasco
- Début d’après-midi :
Par mail, Paul Sollacaro prévient, Marc Rivet, vice-président du tribunal de grande instance d’Aix, que son client qui doit comparaître le lendemain avec d’autres prévenus, est « cas contact ». Il demande la disjonction de son cas. Réponse : « Venez et ce sera débattu ».
- Fin d’après-midi :
Client positif. Nouveau mail, même demande, même réponse « pas claire ». Maître Sollacaro téléphone à Marc Rivet. « Je comprends que je dois aller à Aix quand même, que je vais devoir soutenir ma demande. Je le préviens que si elle est rejetée, je ferais venir le prévenu. Marc Rivet me répond : “comme vous voulez” ». Et de préciser : « En plus, la disjonction ne nous arrangeait pas, si les autres prévenus sont jugés avant, ils vont charger mon client. Et lors de son procès il n’aura pas de contradictoire ». L’affaire : un trafic de stup dans toute la France, de la coke brésilienne pure à %. Onze sur place, cette attitude avec nous. Pas une seule fois il n’a dit au bâtonnier d’Aix, “Sollacaro a eu des propos virulents, il a débordé, il a fait n’importe quoi”. Jamais ! C’est un communiqué à chaud, dicté, et qui intervient parce qu’ils ne s’attendaient pas à ce que ma plainte soit une plainte pénale. Cette expulsion est scandaleuse et surtout illégale. Jean Michel Hayat, prévenus dont son client, un Niçois en récidive légale qui « encourait deux fois ans : ans de prison ».
- Ouverture de l’audience :
Il avait prévenu, il le fait. Paul Sollacaro (re) demande la disjonction de son dossier. Le viceprocureur s’y oppose. « Marc Rivet, sans consulter personne répond : demande rejetée », témoigne Sollacaro. Là encore, il avait prévenu, il le fait : « Je dis que je vais faire venir mon client. Marc Rivet dit “non”. J’insiste. Il me rétorque : Si vous le faites venir, je fais fermer le tribunal ».
- Incident d’audience
Paul Sollacaro tente d’argumenter de nouveau : « Je n’ai pas pouvoir pour représenter mon client. Seulement pour demander la disjonction. Si je l’avais représenté, je faisais une faute professionnelle ». L’avocat corse jure : « Je suis très calme et je reste très calme. Je ne m’emporte pas. C’est lui qui hausse le ton ». « Marc Rivet me lance :
“Taisez-vous”. Je continue. Et là, il dit : « Taisez-vous, sinon j’ordonne à l’escorte de vous faire sortir ».
- Expulsion
« Je n’ai pas le temps de demander si c’est une blague, qu’il lance : “Faites sortir monsieur Sollacaro”. Deux policiers arrivent vers moi, puis d’autres derrière eux. En tout, au moins ou . Je refuse de sortir ». Et comme la loi l’y autorise, l’avocat du barreau de Nice demande la venue du bâtonnier d’Aix pour se mettre sous sa protection : «Non,onne l’appelle pas et vous sortez ! Voilà ce que me répond le président du tribunal ». L’avocat est alors
« empoigné par les forces de l’ordre ». Là et seulement là, assureil,illance: « c’est honteux, vous n’êtes pas digne d’être magistrat. » Les dix confrères présents s’insurgent, le défendent, s’interposent. Une avocate est bousculée et sa robe déchirée. Paul Sollacaro raconte, encore abasourdi : « Je suis sorti manu militari de la salle, je suis en robe, je suis expulsé ». La robe de son père,
Antoine Sollacaro, assassiné en .
- Suite de l’audience et suspension Suspension. Reprise. Le procureur d’Aix, en personne, entre en scène et remplace le vice-procureur. Il demande le renvoi de tout le dossier ! Refusé par Marc Rivet. - Reprise à heures
Les dix confrères de Maître Sollacaro quittent la barre, «la confiance est rompue ». Le bâtonnier d’Aix est seul à l’audience. Paul Sollacaro souffle :
« Marc Rivet interroge les prévenus en une heure et demie. Le bâtonnier demande des commis d’office et vu le blocage, il en appelle au président du tribunal judiciaire ». Ce dernier intervient. Propose au bâtonnier de désigner des avocats. Nouvelle suspension. Marc Rivet accepte. Audience renvoyée au lendemain heures.
Dépôt de plainte
« Ils pensaient que ce serait une plainte à la chancellerie, au Conseil supérieur de la magistrature, en fait, je dépose vers heures, une plainte au pénal directement au tribunal du parquet général, l’organe de poursuite du plus haut de la hiérarchie, pour « violences aggravées » nommément, contre Marc Rivet, et contre les forces de l’ordre. J’envoie une copie au président du TGI et au procureur : c’est important, ça va conditionner le reste », révèle Paul Sollacaro. Reprise de l’audience à heures
« Le bâtonnier avait consulté et réfléchi, il n’a pas voulu envoyer au feu des avocats face à ce président. Il s’est autodésigné pour les prévenus », raconte l’avocat. Le bâtonnier de Nice, Maître Thierry Troin est présent lui aussi. «Lafin d’audience est cataclysmique. Marc Rivet ordonne le huis clos. Il ferme la salle et bunkérise le tribunal. Ça devient un commissariat de police. Passées les portes du palais de justice, on était plus en France mais en Corée du Nord », grimace Sollacaro.
Et les prévenus sont jugés.