Les mots pour le dire
(Photo Éric Ottino)
Qu’est-ce-qui ne l’est pas ? « Les fleurs ne sont pas considérées comme essentielles, mais font partie du moral des gens », argumentait l’épouse de Claude, excédée. Et la commerçante de poursuivre: « À Nice, on a été les premiers pour tout : premiers pour subir le couvre-feu à 18 heures, premiers pour les week-ends fermés. On nous a tolérés les deux derniers weekends, mais pratiquement personne n’est venu. Notre manque à gagner est énorme. Là, les gens vont pouvoir sortir, se promener toute la journée jusqu’à 19 heures du moment qu’ils ont une attestation et nous on serait confinés ? »
«Onenamarre»
Même incompréhension pour Clément Mege, revendeur place Pierre-Gautier : « On laisse les coiffeurs ouverts et on fermerait un marché de plein air ? On en a marre. On est en dépression. » Quid du « click & collect » ? Impossible à mettre en place sur un marché dans la mesure où le commerçant n’a pas le droit d’ouvrir son banc. Sauf que les choses ont évolué au cours de la journée et on a appris que même dans les départements reconfinés totalement, jardineries et fleuristes resteraient ouverts. Qu’il s’agisse de fleuristes en boutiques ou sur les marchés. « Concrètement, précise Franck Martin élu en charge du commerce, les producteurs et revendeurs de fleurs de Saleya, Saint-Roch, Libération... peuvent travailler comme d’habitude, tous les jours de la semaine excepté le lundi, jour de relâche, et le week-end. C’est validé par l’État...»
CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr
Jean Castex ne doit pas être mauvais au ni oui, ni non.
Tout au long de son discours, jeudi, le Premier ministre a prononcé le mot confinement une seule fois, remplaçant ce terme désormais banni du vocabulaire gouvernemental par le concept de « troisième voie qui permet de freiner sans enfermer ». Une formule magnifique qui a tout pour décrocher le César de l’expression bureaucratique.
Agacé par l’emploi jugé excessif du mot confinement par les médias, l’exécutif s’est évertué toute la journée d’hier à démontrer que les mesures avaient été mal expliquées (ou comprises ?) par la presse. Le Président lui-même a signifié à quelques journalistes venus à l’Élysée pour la journée de la Francophonie que le mot confinement n’était pas adapté. Si on ne peut nier la volonté du chef de l’État de préserver les Français tout en les protégeant au mieux, objectif ô combien difficile, il est vain de ne pas vouloir appeler un chat un chat. Faire baisser le rideau à des dizaines de milliers de commerçants ne relèverait donc pas d’une forme de confinement ? Faire vivre les gens sous attestation et leur interdire de quitter la région ne constituerait en rien une privation de liberté ?
Soyons sérieux et abandonnons les éléments de langage. « Le message n’est pas restez chez vous, mais aérez-vous, du moment qu’il n’y a pas de rassemblement », résume un conseiller de l’Élysée.
Pourquoi ne pas s’exprimer de cette manière, en évoquant simplement de nouvelles règles de confinement
Les Français ont besoin qu’on leur parle vrai et clair.
Pas qu’on joue sur les mots.
« Soyons sérieux et abandonnons les éléments de langage »