Nice-Matin (Menton)

Pour les petits commerces, c’est la décision « de trop »

Entre incompréhe­nsion et résilience, les commerçant­s mentonnais ont été en grande partie stupéfaits et abasourdis par l’annonce d’un confinemen­t total dans le départemen­t.

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e suis un peu abasourdie par cette décision », nous livre Anne Kervot, responsabl­e de la boutique « Suncoo », sise avenue Félix-Faure. La jeune femme a du mal à trouver ses mots. Comme beaucoup de commerçant­s, l’annonce d’un nouveau confinemen­t dans le départemen­t l’a laissée sous le choc. « Je pensais qu’on serait confinés un week-end de plus et c’est tout, poursuit-elle. Nous sommes des petits commerçant­s et je suis convaincue que personne ne se contamine dans nos boutiques. Il y a un décalage entre le fait de fermer nos magasins et, d’autre part, laisser les gens se balader. Je ne pense pas qu’on va s’en sortir comme ça. On perd de l’argent. On va peut-être être aidés par le fonds de solidarité, mais nous, on a couvert notre perte de chiffres d’affaires du confinemen­t de mars dernier avec un prêt garantie État qu’il va falloir rembourser dans un an. Là, on nous confine à nouveau et on ne sait pas quelles aides on aura... » La gérante est résignée. « De toute manière, qu’est-ce qu’on peut faire, soupire-t-elle. On ne va pas se révolter. On supporte. Mais je pense que là, c’est le coup de trop pour beaucoup d’entre nous. »

« Ce n’est pas avec le click & collect qu’on va gagner nos vies »

Dans la rue piétonne, Christophe Cova, aussi, a encore du mal à réaliser... « Je ne sais pas quoi vous dire, souffle-t-il. Financière­ment, je n’ai pas le couteau sous la gorge car je suis propriétai­re mais psychologi­quement, ça passe mal. » « Le Chaudron », sa boutique spécialisé­e en produits provençaux, vit principale­ment grâce à une clientèle étrangère. « 70 % de ma clientèle, ce sont des touristes, expose le gérant. C’est le cas pour tout le monde ici. Les meilleurs

Personne ne se contamine dans nos boutiques ”

clients, ce sont les Italiens ! Menton est une ville morte ces temps-ci. Je plains ceux qui ont des gros loyers, du personnel. Si j’étais dans ce cas de figure aujourd’hui, je le supportera­is très mal. » Malgré tout, Christophe Cova dit « comprendre » les mesures prises dans cette « situation délicate ». Pour ce nouveau confinemen­t, le commerçant fermera boutique. Il se déplacera pour les « habitués » s’ils réclament certains produits mais reste réaliste : « Ce n’est pas avec le click & collect qu’on va gagner notre vie ». Frédérique Truchi, gérante de la boutique « Les rêves d’Émilie », rue Trenca, essaie de rester positive. « Je m’y attendais un peu, admet cette commerçant­e.

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Certains commerçant­s se préparent à faire du click & collect.
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