Nice-Matin (Menton)

Des enfants du Vaucluse donnent des couleurs à Breil

Ils peignent des pots de fleurs de toutes les couleurs pour redonner de la joie aux habitants.

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Collecter des pots en terre et les peindre de toutes les couleurs pour donner un peu de bonheur aux habitants de Breil et de la vallée de la Roya.

C’est l’idée qui a germé dans le village de Camaret-sur-Aygues dans le Vaucluse. Et dont les graines solidaires ont poussé un peu partout. Un village qui s’est mobilisé dès le lendemain de la tempête, d’abord en fournissan­t vivres et matériels aux sinistrés, et dont certains habitants depuis, viennent régulièrem­ent le week-end dans la Roya pour mener des chantiers, déblayer, nettoyer, désenclave­r… (lire notre encadré).

Cette fois en parallèle d’une grande collecte de fleurs et de plantes pour refleurir la Roya (lire ci-dessous), ce sont les enfants du centre de loisirs « Gare aux enfants » de Camaretsur-Aygues qui se sont mis à peindre des dizaines de pots en terre collectés dans le village. De toutes les couleurs et de tous les motifs, pour égayer bientôt les rues des habitants de la Roya.

Sensibilis­és à l’entraide

« Il y a eu d’abord toute une sensibilis­ation, expose Wilfrid Bricourt, responsabl­e du service jeunesse de Camaret-sur-Aygues. On leur a montré des photos de comment étaient les vallées avant, et comment elles sont aujourd’hui. Les enfants sont ravis de participer à quelque chose de solidaire ».

Sophie Monnier, directrice du centre de loisirs, explique la démarche : « On leur a d’abord montré une carte de France pour situer les AlpesMarit­imes. Et puis on leur a demandé de regarder à l’extérieur ce qu’ils voyaient, la nature, le jardin du centre de loisirs, sa verdure, ses arbres. Et ensuite on leur a demandé d’imaginer l’inimaginab­le. Qu’un énorme torrent de pluie et de boue emporte tout ce qu’ils voient, la verdure, les fleurs, les arbres qui se brisent. Ils ont vu des photos d’habitants de la vallée au milieu de paysages de pierres et de terre, sans plus rien de verdure ni de fleurs. Ils ont beaucoup posé de questions. Puis on les a sensibilis­és aux bénévoles, ils en ont rencontré de chez nous qui vont régulièrem­ent dans la vallée. On a abordé la question de l’entraide. Et on s’est demandé qu’est-ce que nous, à notre échelle on pouvait faire. Et ça a débouché sur ce projet de mettre des fleurs et des couleurs dans les jardins mais aussi dans les coeurs des habitants de la Roya ».

Avec son adjointe Valérie Boissy Corral, les enfants du village, âgés de 6 à 12 ans, ont commencé mercredi à peindre les pots. « Ils sont ravis à l’idée de pouvoir faire du bien. On a aussi prévu de leur montrer des photos d’après pour qu’ils se rendent compte de leur action et qu’ils puissent en être fiers… » D’autres enfants ont aussi fait des cartes avec des messages de réconfort pour les sinistrés et des bouquets de fleurs en papier.

Levens et le Var aussi

Le projet, parti de Camaret-surAygues, a fait des boutures. «Sice qu’on a semé se met à pousser ailleurs alors c’est gagné » illustre Wilfrid Bricourt. Et c’est ainsi qu’une classe de l’école maternelle les Oliviers à Levens s’est greffée au projet. « On participe à la collecte de plantes et nous décorons les pots en terre à la peinture », indique Ghislaine Bicini, directrice de (DR) l’école Les Oliviers et institutri­ce pour les grandes sections.

« Les enfants, âgés de 5 à 6 ans, ont en tête la tempête Alex. Et puis, nous avons appris cette fameuse chanson sur les vallées, on les a sensibilis­és grâce à un album sur la pluie qui tombe beaucoup, provoque des inondation­s… On leur a expliqué que ces gens-là avaient tout perdu, leurs jardins, leurs couleurs… Ils ont compris qu’avec des fleurs et des couleurs, on pouvait égayer la vie de ces habitants, leur redonner espoir, un peu de bonheur. C’est un bon moyen de leur inculquer ou de renforcer des valeurs, c’est justement à cet âge-là qu’on peut déjà assimiler la solidarité et l’entraide… » Autre participan­t à cette action : le centre de loisirs de Fayence dans le Var. « C’est l’associatio­n Mission trekkeurs, dont les bénévoles ont fait plusieurs actions dans la Roya qui nous a sollicités, explique Christophe Inacio responsabl­e du service Enfance jeunesse et éducation de Fayence. Avec les enfants âgés de 6 à 11 ans, nous allons peindre une dizaine de pots avec des couleurs pour embellir les places de Breilsur-Roya. Et si on peut, on ira aider, avec les enfants, à les installer à Breil, pour qu’ils voient à quoi ils ont participé… »

L’opération de décoration et fleurissem­ent aura lieu le week-end du 27 et 28 mars à Breil.

YANN DELANOË

(Photo Jean-François Ottonello) laquelle je suis, certains y verront le hasard, moi j’y ai vu un signe de Dieu. Cela me permet de me poser et de réfléchir à ce que je veux faire : depuis toujours dans mon quartier on me dit de faire du ciné ou du théâtre, c’est comme ça que j’ai intégré le conservato­ire de Valence. En , je suis monté pour la première fois sur les planches et j’ai su que j’étais ici à ma place.

Votre foi, vous la mettez alors de côté ?

Non. Je continue à prier et je demande à être baptisé. En même temps que mes parents apprennent que je fais du théâtre, ils apprennent aussi ma nouvelle foi chrétienne et c’est un véritable choc pour eux : ‘‘Encore une fois ! Mehdi ne nous laissera jamais tranquille !’’ Mais j’étais bien. Quelques années plus tard, alors que je suis à l’école d’art dramatique de Lausanne, je quitte le protestant­isme et je deviens officielle­ment catholique après une retraite dans un monastère. Pour moi c’est une nouvelle révélation, lors d’une messe, je sens alors pour la première fois la présence du Christ. Je vis alors pleinement ma foi.

En tant que comédien vous

Vous vous sentez alors investi d’une mission ?

Pas du tout, mais je suis vu comme un extrémiste – encore une fois – un homophobe anti-mariage pour tous. On me colle l’étiquette du catho extrémiste alors que moi je viens juste de vivre un truc mystique que j’essaye de raisonner.

L’étiquette vous correspond ?

Pas vraiment. Mais je me rends compte à ce moment-là que le progressis­me ne tolère que luimême. C’est vrai que je n’étais pas tendre non plus, aujourd’hui j’ai peut-être un peu plus de sagesse. Ça a été dur pour moi. J’ai failli devenir prêtre.

Votre parcours atypique fait-il sens quand vous jouez la comédie ?

Oui je pense. Je suis au carrefour de trois histoires : celle d’un jeune musulman de banlieue, celle d’un nouveau catho et celle d’un jeune comédien. J’essaye de faire le lien entre les trois. De faire changer le regard des uns et des autres sur l’autre.

Pourquoi avoir appelé votre pièce Coming out ?

Ma famille a mal vécu ma conversion et m’a demandé de garder cela secret. Mais ça bouillonna­it, il fallait que ça sorte. Je me suis dit va sur scène. Comme un coming out. Un musulman qui devient chrétien vit à peu près les mêmes pressions qu’un jeune homme qui avoue son homosexual­ité : le secret, le rejet, l’incompréhe­nsion, la persécutio­n parfois aussi. Je dis tout ça avec humour car je fais partie de ceux qui pensent qu’on peut rire de tout et que la scène est le dernier – pour combien de temps ? – espace de liberté qui nous permet de le faire.

JULIE BAUDIN jbaudin@nicematin.fr

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Les enfants du centre de loisirs de Camaret-sur-Aygues en plein boulot.
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Des pots sympas pour réconforte­r les habitants de la Roya.

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