Antibes : « Ces chiens, sont un peu mon médicament… »
Depuis le début de l’année, chaque lundi, Nathalie Schindelman toque doucement à la porte des patients de l’Unité de Soins Palliatifs (UPS) du centre hospitalier d’Antibes. Elle se présente : « Bonjour, je suis Nathalie, voici Tisane et Mousse, et nous allons essayer de vous apporter un petit rayon de soleil...» Nathalie Schindelman est intervenante en médiation animale. Tisane, un bearded collie de 9 ans et Mousse, caniche blanc de 5 ans, sont ses accompagnatrices. Mieux, c’est à travers ces deux adorables chiennes, patientes et obéissantes, que la médiatrice tente d’apporter au patient un bienfait rare : l’apaisement. Cela passe par la caresse dans le pelage tout doux de Mousse. D’où son nom. « Elle a une bouille coquine », sourit Nathalie. Ou alors en plongeant son regard dans les yeux de Tisane qui reflète une tendresse infinie. « C’est le chien de berger idéal. Très apaisante, comme une tisane ! » Elles forment un duo complémentaire et bien rodé.
Bienveillance
La première, avec son petit gabarit, se couche près de la personne, si celle-ci le souhaite, bien sûr, et la seconde s’allonge au pied du lit. Présence sûre et bienveillante. Quand le contact est noué, grâce à ces êtres réconfortants, jour de mes 25 ans. C’est aussi mon deuxième prénom, et je revendique également mes racines italiennes. La Mama, la famille, la musique et la pasta, c’est tout pour moi ! » qui ne jugent personne, ce moment de sérénité permet au patient de lui faire oublier, un temps, son état présent. Ce fameux petit rayon de soleil promis. « On peut entamer le dialogue. Ou pas. Si l’on parle, c’est toujours pour évoquer des moments positifs, des souvenirs heureux. Les séances ne peuvent pas excéder vingt minutes pour le repos et la concentration du patient. Ce rendez-vous qui se répète chaque lundi est un repère. » Une parenthèse dans le protocole des soins. «Unjour,unpatient m’a dit, ce chien c’est mon médicament...» Un autre, dans un Ehpad a qualifié Mousse et Tisane de « dogsteurs ». Chaque séance fait l’objet d’un compte rendu qui permet à l’équipe pluridisciplinaire de l’USP de préparer en amont les prochaines interventions.
Une volonté de la Ville et de l’hôpital
Cette expérience, rare au sein d’un service où l’on accompagne des hommes et des femmes atteints d’une maladie grave évolutive, en phase avancée ou terminale, est le fruit de la volonté de l’équipe de l’USP, fondée en 2013 au sein du centre hospitalier d’Antibes et dirigée par le Dr Isabelle Casini et de la Ville qui finance ce projet, via une convention avec le CCAS.
Intervenir dans ce service : Nathalie Schindelman le souhaitait ardemment. Antiboise, elle opère aussi bien dans des structures privées, pour les personnes âgées, des IME, et depuis dix ans au sein des Ehpad publics de sa ville de naissance et de coeur. Notamment, les « Balcons de la Fontonne », situé juste en face de l’USP et où la jeune femme rend visite aux résidents, avec Mousse et Tisane, mais aussi Nemo, le terre-neuve. Ou encore ses lapins géants et son chinchilla. « Je connais le travail de l’équipe de l’USP et je suis admirative. Je voulais aussi aider. Quelque part pour rendre tout ce que cette ville m’a permis de faire jusqu’ici...» Il faudra un peu plus d’un an pour élaborer le protocole d’intervention.
Mais, la pandémie et le confinement en mars dernier, ont obligé à tout reporter. Les interventions, elles, aussi ont été bouleversées mais ont pu reprendre peu à peu et, bien sûr, dans le strict respect des gestes barrières. « À Antibes, le choix a été fait de maintenir ces visites, justement en raison de cette période d’isolement terrible pour les plus âgés. »
M.-C. A. mabalain@nicematin.f Contact : Nathalie Schindelman.
Tél. 06.10.13.32.55. www.viaanimaux.fr