Nice-Matin (Menton)

À la retraite, elle remet la blouse pour aider le CHU

Brigitte venait de prendre sa retraite. Et puis le virus est arrivé. « Impossible d’être spectatric­e » : cette infirmière parisienne, membre de la réserve sanitaire, a repris du service à Nice

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Ce jour-là, aux Urgences de Pasteur 2 à Nice, Brigitte enquille les tests antigéniqu­es dans le sas d’accueil. Écouvillon, appréhensi­on. Bal continu de blouses blanches et de brancards. Masques et patients inquiets. Elle a le geste ferme et doux la fois. Elle parle, explique, rassure. Prend les constantes vitales, tension, saturation en oxygène, et transmet les infos à ses collègues. En janvier dernier, quand les premiers cas de coronaviru­s ont été rapportés en France, elle venait tout juste de prendre sa retraite après une fin de carrière dans un centre de chimiothér­apie et de soins palliatifs de la région parisienne. Brigitte a tout de suite compris qu’ « on était face à une maladie qu’on n’a jamais connue et que l’épidémie allait durer ».

« Ça donne du sens à ma retraite »

Alors à 64 ans, elle a remis sa blouse et repris du service. « Impossible de rester spectatric­e, je ne pouvais rester les bras croisés. Je suis viscéralem­ent infirmière », sourit-elle doucement derrière son masque.

Elle a intégré la réserve sanitaire - une communauté de profession­nels de santé volontaire­s (médecins, infirmiers, manipulate­urs radio, aides-soignants etc.) animée par Santé publique France que l’État peut mobiliser en cas de besoins exceptionn­els. Première alerte en mars : on l’appelle en renfort dans le Loir-et-Cher. « Depuis, je n’ai jamais arrêté. » Depuis, elle enchaîne (Photo François Vignola)

les missions aux quatre coins de la France, au chevet des territoire­s dont les hôpitaux débordent.

Elle rit : « Mon mari est un peu seul à la maison mais moi je m’épanouis. Ça donne du sens à ma retraite. » Comme Brigitte, plusieurs volontaire­s venus de toute la France ont rejoint les rangs des soignants à Nice et à Antibes ce mois-ci.

« Fatigués mais pas usés »

« Il y a énormément de travail. Avant-hier, c’était une déferlante de patients de tous âges. Mes collègues sont contentes que je sois là. Je sens que je les soulage un peu et ça me fait du bien. Les soignants du CHU de Nice sont formidable­s : ils sont fatigués mais pas usés ni désespérés. Ils se battent au quotidien. ». Une bataille qui dure depuis plus d’un an…

« Quand est-ce qu’on va s’en sortir ? », demande soudain Brigitte, presque comme une question à elle-même. Un voile passe dans son regard clair : « On ne s’habitue pas à la souffrance et à la mort ».

Pour faire triompher la vie, elle, elle agit : « Après, je vais rentrer un peu chez moi m’occuper de mes parents qui sont âgés et à la prochaine alerte, je repars… »

LAURE BRUYAS lbruyas@nicematin.fr

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Brigitte, infirmière au chevet de Nice.
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