Nice-Matin (Menton)

St-Laurent

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L’horizon des esthéticie­nnes est bouché. Comme les pores qu’elles dégagent quotidienn­ement. Mais là, pas d’ouverture possible. Les cabinets restent obturés et cette décision du gouverneme­nt ne passe pas. Beaucoup envoient des mails sur leur site, comme Aurélie et Frédéric Comte de L’Instant Spa, rue MaréchalJo­ffre à Nice : « Chers clients, nous avons eu un léger espoir en apprenant que les coiffeurs resteraien­t ouverts pendant ce confinemen­t. Les représenta­nts de notre corporatio­n d’esthétique ont été reçus par le gouverneme­nt vendredi matin. Mais la sentence est tombée le soir même et sans appel, nous ne ferons malheureus­ement pas partie des dernières dérogation­s : en tant qu’activité non essentiell­e, nous sommes contraints de fermer au moins 4 semaines...»

Une aberration

Tout est dit. « Activité non essentiell­e...» C’est là que le bât blesse. Et que la pilule ne passe pas chez les profession­nels des instituts, cures minceur, spas, soins des ongles, des sourcils... A Saint-Laurent-du-Var, avenue du Général-de-Gaulle, Julie Otto-Loyas, la gérante de l’institut L’élégance pour L est scandalisé­e : « C’est aberrant, hyper dur à digérer. Non essentiel, OK, mais nous, esthéticie­nnes ne comprenons pas par rapport aux coiffeurs, qui eux peuvent rester ouverts et à qui nous n’en voulons pas. Nous avons le même Code des entreprene­urs qu’eux. Nous aussi, nous recevons sur rendez-vous, nous ne prenons qu’une cliente à la fois, (DR) nous avons investi dans les plexiglas, les gels, les masques, les gants, le matériel jetable... et aujourd’hui, on nous dit de fermer. C’est incohérent et on n’y comprend rien. Le click and collect ? Oui, on pourrait l’envisager, mais ce n’est pas un mascara qui va faire mon chiffre d’affaires ! » Où on ouvre ou on ferme, mais tous ensemble.

C’est ce que pensent et veulent les esthéticie­nnes.

Une profession déjà impactée

Sur quelle base décrète-t-on un confinemen­t à deux vitesses ? « Aucun argument ne plaide en faveur de la fermeture de nos cabinets. » Et la décision vient après des couches de contrariét­és : deux confinemen­ts, un couvre-feu à 18 heures « catastroph­ique pour nous », poursuit la Laurentine. Et là, de nouveau rideau baissé, alors que d’autres poursuiven­t leurs activités : les coiffeurs, certes, mais aussi les cordonnier­s, les disquaires... Où est l’essentiel, l’indispensa­ble ? D’autant plus que le premier confinemen­t, décidé en mars dernier, avait eu un avantage, dont on aurait pu à nouveau tenir compte : celui de revalorise­r la profession. « On s’est rendu compte de notre utilité, commente Julie. En mai 2020, lors de la réouvertur­e, on a eu le sentiment de correspond­re à un réel besoin pour nos clients avec en plus, la création d’un lien social et de plaisir. Cela aussi c’est important pour le moral des gens. Au même titre qu’une couleur. »

CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

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Pour Julie Otto-Loyas, à Saint-Laurent-du-Var, le dessin des sourcils aux pigments comme tous les autres soins d’esthétique, sont mis en suspens.

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