Nice-Matin (Menton)

Salles de sport : « les derniers avec les boîtes de nuit »

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« On sera les derniers à rouvrir... Peut-être même après les discothèqu­es. » Dans le vieux Nice, Steeve Razzanti-Guidicelli a fini par apprendre la résignatio­n. Ce troisième confinemen­t pour les habitants des Alpes-Maritimes l’a pourtant laissé totalement interdit : « On faisait semblant de rester ouvert pour accueillir nos clients, discuter avec eux, se projeter, mais là, c’est terrible, on doit fermer le rideau. »

Sur le fond, cette nouvelle mise sous cloche ne change hélas rien ou pas grand-chose à son quotidien. Directeur de la salle de sport Malatesta qui, dans le monde d’avant, accueillai­t parfois jusqu’à 350 personnes, il jongle depuis un mois dans un désert de tapis de course, d’haltères abandonnés et de salle de cardio en pleine asthénie avec le grand exode des inscriptio­ns : « Jusqu’à décembre, parce qu’on croyait tous pouvoir se projeter dans un monde sans Covid, les clients acceptaien­t majoritair­ement des reports d’abonnement... Là, c’est la débandade. Annulation­s sur annulation­s, et on n’a plus les arguments pour tenter de les convaincre de rester chez nous. »

L’espoir est mort

Steeve avoue qu’un temps, l’espoir était revenu. L’annonce par une grande marque du développem­ent imminent d’un masque adapté à la pratique du sport en salle lui avait redonné « la banane ». « Le hic, c’est qu’on n’en entend plus parler ! » Du coup, il fait le dos rond. N’en pense pas moins lorsque, sans la citer, il découvre le système D « très borderline » qui prévaut dans une salle de sport du centre-ville de

Nice. Explicatio­n : depuis 2017, les médecins peuvent établir des prescripti­ons médicales ordonnant la pratique d’une « activité physique adaptée ». C’est le sport sur ordonnance ! « Ici, on s’est dit que, maintenir la salle ouverte pour une poignée de personnes n’était pas viable. Et sans doute un peu risqué : comment être sûr que l’ordonnance n’est pas un faux ? On a donc préféré ne pas prendre le risque en fermant les yeux de créer un cluster dans notre salle. » Loin de partir en croisade avec ceux qui s’arrangent avec les restrictio­ns sanitaires, Steeve concentre toute son énergie à maintenir le bateau dans la double tempête sanitaire et économique qu’il traverse : « Avec la propriétai­re de la salle, on tente de réduire tous les coûts de structure pour tenir ».

J.-F. ROUBAUD

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Steeve, le directeur de la salle Malatesta à Nice. Les patrons de salles de sport ne voient pas le bout du tunnel.

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