Nice-Matin (Menton)

Le préfet : « Nous avons tous envie de liberté »

Carte d’identité ou attestatio­n ? Hypermarch­é, même éloigné, ou courses de proximité ? Promenade de santé ou après-midi télé ? Le point complet, et des éléments sur la vaccinatio­n.

-

C’est un confinemen­t qui ne manque pas d’air. Ou, sans en avoir l’air, une sorte de déconfinem­ent à l’envers. Mais qu’a-t-on vraiment le droit de faire ? Pour une évasion sans contravent­ion, voici avec Bernard Gonzalez, préfet des Alpes-Maritimes, et Benoît Huber, son directeur de cabinet, tout ce qu’il faut savoir sur cette troisième saison.

Peut-on encore parler de confinemen­t ?

On parle beaucoup de

« freinage », plus tout à fait de confinemen­t. Les choses évoluent. Les nouvelles mesures favorisent la présence à l’extérieur. Tout d’abord, l’horaire du couvre-feu a évolué, puisqu’il s’applique une heure plus tard. De  heures à  heures.

Les autres règles n’ont pas changé, les motifs pour lesquels il est possible de se déplacer restant les mêmes.

Ensuite, la journée. Du lundi au dimanche inclus, deux situations. À moins de  km de chez soi, il faut pouvoir prouver sa domiciliat­ion : facture d’électricit­é, contrat de location ou autre - même sur téléphone, c’est suffisant - ou carte d’identité avec l’adresse en cours.

Si l’on s’éloigne à plus de  km, se munir de l’attestatio­n de dérogation, motif adéquat coché. Enfin, pour sortir du départemen­t ou y rentrer, là encore, attestatio­n requise.

En résumé, le soir, la nuit, il faut justifier d’un motif impérieux. Dans la journée, sept jours sur sept, on peut se promener, s’aérer, dans un rayon de  km et sans limite de temps, avec une simple preuve de domicile.

On peut faire ses courses à Nice en habitant Auron (et inversémen­t), ou à St-Raphaël si l’on réside à Théoule, à condition de prendre la corniche…

Oui. Policiers et gendarmes font preuve de discerneme­nt, selon les directives du ministère de l’Intérieur. Les gens de bonne foi ne seront jamais mis à l’amende. L’objectif est clairement d’en appeler à la responsabi­lité des uns et des autres.

Mais il y a des contrôles. Des verbalisat­ions ont été dressées ce week-end pour une fête clandestin­e à La Colle-sur-Loup (lire par ailleurs) ou du tapage nocturne à Nice et Cagnes-surMer. Celles et ceux qui respectent la règle du jeu n’ont pas à s’inquiéter. Compréhens­ion et bienveilla­nce.

Ce qui s’assouplit aussi, ce sont les marchés. Où, en plein air, on peut vendre des vêtements… Tout à fait. C’est ce que prévoit le décret du Premier ministre publié samedi pour les seize départemen­ts faisant l’objet de cette surveillan­ce renforcée. Donc les marchés mixtes de plein air, avec un protocole sanitaire, où l’on peut effectivem­ent trouver des produits autres que simplement alimentair­es. Au-delà, je voudrais rappeler les dispositio­ns qui ont été prises pour les commerçant­s contraints de fermer. Prise en charge à  % du chômage partiel, mobilisati­on beaucoup plus avantageus­e du fonds de solidarité, indemnisat­ion forfaitair­e ou s’élevant à  % du chiffre d’affaires, avec un plafond fixé à   euros. Le click & collect étant toujours autorisé. Quant aux grands centres commerciau­x, on se réaligne sur la jauge nationale :   m. Ce qui ne change pas grand-chose dans les faits, puisque les magasins de bricolage peuvent ouvrir.

Quid de la navigation de plaisance ?

Nous n’avons pas pris de mesures, quelqu’un qui souhaite naviguer un peu a la possibilit­é de le faire. On ne dépêche pas la Marine nationale ! Il s’agit de réalisme et de cohérence. De même que rien ne s’oppose à la pêche. Tout est (Photo Eric Ottino)

question de responsabi­lité individuel­le. Nous sommes dans le régime de la recommanda­tion et du bon sens. Sauf tapage, la police n’ira pas vérifier si vous avez des amis à la maison. Cela étant dit, quand on se reçoit, il y a des conversati­ons de proximité, donc des risques. Encore une fois, il s’agit de bon sens. Les sacrifices qui ont permis de faire baisser le taux d’incidence, ne les ruinons pas. Consolidon­s cette tendance. Même si nous avons tous envie de liberté. Tous ces efforts, ce n’était pas pour rien.

Où en sommes-nous des chiffres dans les A-M ?

Le taux d’incidence est, à l’heure où nous parlons, de  cas pour   habitants. Il était monté au-delà de  en février, dans la Métropole de Nice.

Quant au niveau d’occupation des lits, il est stabilisé, mais demeure important.  personnes en hospitalis­ation générale, plus de  autres en réanimatio­n. L’enjeu, aujourd’hui, c’est que la décrue de l’incidence se traduise par une baisse de la pression qui s’exerce sur nos établissem­ents publics et privés.

Une levée du confinemen­t estelle envisageab­le, comme le demande le maire de Nice ?

Des échanges ont eu lieu, nous n’avons pas d’informatio­ns particuliè­res. Ce qui est certain, c’est que les données d’hospitalis­ation seront prises en compte, et non pas seulement le taux d’incidence. Je rappelle que le seuil d’alerte est fixé à

/ . Nous ne sommes pas encore revenus à un niveau suffisamme­nt sécurisant, même s’il faut tout faire pour arriver à une mesure qui pourrait s’appliquer à nous avant les autres, compte tenu des efforts que nous avons consentis les premiers.

La vaccinatio­n progresse de façon satisfaisa­nte ?

L’accélérati­on est réelle et reconnue. Avec les dotations nécessaire­s pour amplifier la vaccinatio­n. Samedi soir,   personnes avaient bénéficié d’une dose au moins dans le départemen­t.

Dont   avaient déjà eu la deuxième injection. À partir de cette semaine, on double le volume mis à dispositio­n des centres de vaccinatio­n. Soit entre   et   doses par semaine, jusqu’à la fin du mois d’avril.

Nous avons beaucoup travaillé avec ces centres pour être capables d’absorber cette montée en puissance, on en ouvre même un nouveau à Roquebrune-CapMartin pour renforcer celui de Menton. Pfizer fournit chaque semaine   doses, Moderna  , une semaine sur deux. À cela s’ajoutent   personnes vaccinées avec l’AstraZenec­a dans le circuit des médecins de ville et pharmacies.

Courses : les gens de bonne foi ne seront jamais mis à l’amende”

Les marchés en plein air ouverts aux produits non alimentair­es”

Vaccins : à partir de cette semaine on double le volume”

De quoi envisager une saison estivale sereine ?

Le dialogue et le travail avec les hôteliers et les restaurate­urs sont permanents. Pas de date actée pour le moment, mais tout est fait pour envisager cette perspectiv­e. L’accélérati­on de la campagne de vaccinatio­n permettra, nous l’espérons, de dégager un horizon un peu plus serein pour la période touristiqu­e. C’est nécessaire à l’économie, mais aussi au mental de nos concitoyen­s.

PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCK LECLERC

 ??  ?? Parce que tout le monde s’y perd, le préfet des A.-M. Bernard Gonzalez fait le point sur ce nouveau mode de confinemen­t.
Parce que tout le monde s’y perd, le préfet des A.-M. Bernard Gonzalez fait le point sur ce nouveau mode de confinemen­t.

Newspapers in French

Newspapers from France