Tempête Alex : l’Europe prête à verser millions €
La Commission propose d’allouer 59,3 millions d’euros à la France, via son fonds de solidarité, pour alléger la facture de la tempête Alex. « Un bon signal » pour les maires concernés.
C’est une très bonne nouvelle, un très bon signal ! » Sébastien Olharan le sait bien : depuis le 2 octobre 2020, toutes les annonces positives pour les vallées sinistrées sont bonnes à prendre. « Ne serait-ce que psychologiquement, pour les populations », précise le maire de Breil-sur-Roya. En l’occurrence, cette annoncelà promet une aide financière bien concrète.
59,3 millions d’euros. C’est la somme que la Commission européenne propose d’allouer à la France, pour répondre aux « graves dommages causés par la tempête Alex dans la région Paca ». La Métropole Nice Côte d’Azur avait deviné le juste prix en novembre dernier. Il y a un mois, le député Eric Ciotti avait annoncé que l’Europe répondrait présente. Sa Commission l’a officialisé hier, dans un communiqué.
L’instance exécutive européenne annonce «un soutien financier de 86,7 millions d’euros du Fonds de solidarité de l’Union européenne (FSUE), pour venir en aide à la population de plusieurs régions de France et de Grèce frappées par des catastrophes naturelles en 2020 ». Plus des deux tiers échoient à la France. Les deux pays ont déjà perçu des avances. L’aide totale leur sera versée après le feu vert du Parlement et du Conseil européen.
« Difficile à obtenir »
59,3 millions d’euros, c’est encore loin de la facture totale d’Alex (près de deux milliards). Ce n’est pas rien, néanmoins.
Vu de France, il s’agit de l’aide la plus importante obtenue pour une catastrophe naturelle circonscrite à une seule région. Depuis la création de ce fonds en 2002, notre pays en a perçu plus de 250 millions, sur un total de 6,5 milliards.
Ces aides visent à mener « des opérations d’urgence et de redressement », précise la Commission. La semaine précédente, l’aide européenne s’était déjà manifestée face à la crise de la Covid.
« C’est le visage de la solidarité de l’UE : veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte », insiste la commissaire à la cohésion et aux réformes, Elisa Ferreira.
« C’est une excellente nouvelle ! », s’exclame Xavier Pelletier.
Le préfet délégué à la reconstruction des vallées rappelle combien il est « difficile d’obtenir ces financements européens ».
La France n’avait rien touché après les intempéries meurtrières de 2015 dans le Sud-Est...
Pour le « préfet vallées », « le lourd et minutieux travail mené par la préfecture des Alpes-Maritimes avec le ministère de la cohésion des territoires, dans des délais extrêmement contraints, a porté ses fruits ». (Photo Jean-François Ottonello)
Vite, des effets concrets
Sébastien Olharan n’oublie pas de remercier, aussi, « tous les élus de la région » qui ont plaidé pour cette aide. Ni de s’interroger. «Par qui va-t-elle transiter ? Comment va-t-on la percevoir ? » Xavier Pelletier livre une première réponse : « Ces financements seront gérés par le préfet des A.-M. ». Objectifs : « Renforcer le niveau d’intervention de l’Etat et des collectivités territoriales, pour reconstruire et couvrir les investissements importants que nous devons engager ». Traduire ces promesses sur le terrain. Et vite. C’est désormais tout l’enjeu pour les élus locaux. « Rien que sur la commune, j’en suis au moins à 25 millions d’euros de dégâts, dont 5 millions à notre charge : c’est énorme ! », s’inquiète le maire de Tende. Pour l’heure, Jean-Pierre Vassallo salue « une nouvelle extraordinaire », « un exploit », « un signe important : l’Europe est présente au rendezvous. Et j’espère qu’elle nous aidera à financer le chemin de fer. » Enthousiastes, mais prudents. Les élus des villages sinistrés veulent maintenant voir les promesses se traduire en espèces sonnantes et trébuchantes. Y compris de la part de l’Etat.
« Si on avait tout ce qu’on nous a promis, on serait déjà bien ! », ironise Ivan Mottet. Le maire de Saint-Martin-Vésubie a une crainte, si les aides venaient à trop tarder : « Que petit à petit, la Métropole, la Région et le Département doivent ralentir le rythme des travaux. » Pour l’heure, il ne boude pas son plaisir. Et espère que l’aide européenne lui permettra de « pallier à toutes ces dépenses ». Reconstruire le cimetière, le musée, les chemins communaux... Les chantiers ne manquent pas.
Christophe CIRONE ccirone@nicematin.fr