Nice-Matin (Menton)

Conducteur : ça finit au tribunal

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Un piéton a-t-il systématiq­uement raison lorsqu’il emprunte une voie d’accès réservée aux voitures pour entrer dans un parking ? La position de cet usager pédestre, le plus protégé d’après le Code de la route, engaget-elle sa responsabi­lité ? Autant de questions ressenties au cours de la comparutio­n d’un conducteur devant le tribunal correction­nel.

La justice reproche à cet automobili­ste d’avoir touché, le 10 septembre dernier, vers 10 h30, une personne à la jambe avec son véhicule dans cette zone, ainsi qu’un comporteme­nt véhément.

A l’audience, cet employé du Jardin exotique, conteste les faits. Il ne pense même pas l’avoir effleurée. Pourtant, le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e insiste afin d’évaluer au plus juste le niveau d’intention au moment de l’infraction. Il ne saurait rendre le sexagénair­e entièremen­t responsabl­e d’un fait encore à l’état de soupçon. « Vous étiez certaineme­nt excédé par des gens qui empruntent ce passage. Était-ce pour la pousser que vous l’avez atteinte au membre inférieur ? »

« Elle a fait exprès afin que je lui rentre dedans »

Le prévenu réfute encore cette possible arrière-pensée. Pour clarifier sa situation, il raconte sa frayeur. « J’ai une grosse voiture et quand j’ai aperçu Madame, j’ai freiné. J’avais peur de la renverser. Je pense qu’elle l’a fait exprès afin que je lui rentre dedans. Car il y a un passage réservé aux piétons qu’elle n’a pas emprunté. Elle a tapé sur le capot.

Alors je suis sorti. Oui je l’ai poussée. Mais c’était juste avec mes mains pour l’écarter de mon véhicule. Je ne suis pas un violent. »

« J’ai eu peur pour ma vie »

Comment imaginer que la version de la plaignante ne diffère pas ? Elle a bien été touchée et l’automobili­ste l’a pourrie. « Quand le conducteur a donné un coup d’accélérate­ur, j’ai cogné sur le capot pour l’alerter. Après j’ai eu un trou noir et c’est mon fils qui m’a conté la suite. J’ai eu peur pour ma vie. C’est grave ! Cet homme n’a aucune conscience ce qu’il a fait. Je réclame la journée de travail perdue en tant qu’aide-maternelle : 96 euros. »

Il y a deux actions diamétrale­ment opposées. Mais avec la vidéosurve­illance, le premier substitut Cyrielle Colle affine ses réquisitio­ns. « Certes, Madame emprunte la voie de circulatio­n d’entrée du parking. Des traces noires sur le pantalon démontrent le choc et les images affichent le moment ou Monsieur la repousse parce qu’elle tape sur la voiture. Cela ne justifie pas de s’en prendre matérielle­ment à quelqu’un. Avec un stress émotionnel d’un jour d’ITT, je propose une peine d’amende de 400 euros afin de ne pas obérer l’avenir du prévenu. » In fine, l’intéressé se demande encore pourquoi la victime s’est-elle intentionn­ellement arrêtée ? « Ma voiture est basse et je doute l’avoir touchée ». Le tribunal a prononcé une peine d’amende de 300 euros, plus la somme de 96 euros pour la partie civile.

J. -M. F. * Assesseurs : Mme Aline Brousse et M. Adrien Candau

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