Elle lance une pétition pour rouvrir les galeries
Il y a eu la bataille du livre, du théâtre, des concerts, des musées… Aujourd’hui, certains galeristes crient aussi leur essentialité. Et refusent d’être à nouveau confinés. C’est le cas de Svetlà Marlier, une artiste russe qui a posé ses tableaux au 18, rue Bonaparte, à Nice. Il y a trois jours, la peintre installée depuis une vingtaine d’années dans la Baie des Anges a pris la plume et lancé une pétition en ligne pour demander la réouverture des galeries d’arts (1), fermées pour au moins un mois dans les seize départements français confinés, dont les Alpes-Maritimes. Hier soir, elle avait à peine dépassée les 100 signatures.
« Les gens ont soif d’art »
« L’Art est essentiel pour un bon équilibre de nos enfants et nous-même, défend-elle.
Les Musées sont déjà fermés, les gens ont soif de voir les oeuvres d’art en vrai et pas sur leurs écrans ! Nous vous demandons de maintenir ouvertes les galeries d’art ! L’Art et la Culture sont essentiels, et encore plus en ces moments difficiles. Les gens ont besoin de se dégourdir l’esprit en cette période de crise ! »
« Moins %deCA»
Adressée au président et à sa ministre de la Culture, la pétition a recueilli près de cent signatures.
Comme d’autres entreprises culturelles, les galeries se sont pris la crise sanitaire en pleine poire. Elles ont perdu leur clientèle internationale, leurs foires et leurs expositions ont été au mieux reportées, au pire annulées. En novembre, le comité professionnel des galeries d’art a mené une enquête auprès de ses 279 adhérentes en France. Publiée en janvier, elle révèle que 78 % d’entre elles ont connu une baisse de chiffre d’affaires en 2020. Un tiers, de 25 à 50 %, et un (Photo Eric Ottino) tiers, de plus de 50 % par rapport à 2019. Un quart a dû licencier alors qu’elles emploient majoritairement (85 %) moins de cinq employées. Un manque que les aides n’arrivent pas toujours à combler.
« J’ai perdu plus de 50 % de chiffre d’affaires. J’ai demandé une aide de 4 000 euros, on m’en a donné pour 300. J’ai rigolé », avoue Svetlà. L’artiste se maintient à flot grâce à ses toiles, ses ateliers et l’épicerie d’art de Gaspard. Une exposition variée qui s’est soldée par une douzaine de ventes en décembre. «Ça aide à tenir et payer le loyer ». Mais pour combien de temps ? La galeriste veut retrouver son public en appliquant les restrictions sanitaires qu’ils employaient déjà (jauge, gel et masques).
« Je ne veux pas aller contre la loi, mais c’est complètement stupide de fermer les lieux culturels. Les gens ont besoin d’art et les artistes ont besoin d’exposer. Beaucoup de gens sont au bord du burn-out alors pourquoi on n’ouvre pas les musées et les galeries ? Il n’y a pas foule, ce n’est pas le
Louvre. Et on a moins de contact avec la clientèle que les coiffeurs qui restent ouverts… »
Autant de raisons qui l’ont poussé à écrire cette pétition signée par le patron de la galerie Depardieu, près de la coulée verte.
« Ma galerie reçoit cinq ou six personnes par jour qui regardent les oeuvres accrochées et ne touchent à rien, écrit Christian Depardieu. Nous proposons à la vente des livres d’art et sur l’art. Les risques de contaminations sont bien moindres que dans une librairie. »
Et de conclure : « Nos galeries sont des lieux essentiels pour la santé mentale du public. »
CÉLIA MALLECK cmalleck@nicematin.fr
1. « Pour la santé mentale maintenir ouvertes les Galeries d’Art à Nice » sur Change.org.