« J’ai lancé la course au chrono »
Au Meeting de Marseille vendredi, Jérémy Desplanches a signé la meilleure performance de l’année sur le 200 m 4 nages. Cet été, il visera la médaille olympique.
Jérémy Desplanches ne ramènera pas une médaille olympique à la France cet été, mais peut-être à Nice, sa ville d’adoption et à l’ONN, son club depuis . En ce début d’année, le Suisse enchaîne les grandes performances sur le m nages. Au Golden Tour Camille-Muffat, il s’est imposé au Meeting de Nice (’’’), comme à celui de Marseille. En Provence, il a même signé son meilleur chrono (’’’) depuis sa finale mondiale de (’’’), où il avait ramené l’argent de Gwangju. A la différence de sa compagne Charlotte Bonnet, qui devra aller chercher son ticket pour Tokyo aux championnats de France, le Genevois a déjà sa place assurée, car la concurrence suisse est bien trop éloignée.
Vous avez signé le meilleur temps de l’année à Marseille. Tous les voyants sont au vert ?
Disons que je suis sur le bon chemin, ça me donne confiance. Je voulais aller chercher un temps de ’’’. On est en début d’année, ce n’est pas encore significatif, mais c’est hyper plaisant et rassurant. J’ai lancé la course au chrono avec mes adversaires. Fabrice (Pellerin, son coach) était très content que ça me fasse du bien, mais aussi satisfait du résultat. Cela montre qu’on monte en puissance.
Quel temps faudra-t-il faire pour espérer monter sur le podium àTokyo?
Bien en dessous. C’est une hypothèse, mais je pense que ça se jouera autour de ’’’.
Il vous faudra donc battre votre record personnel (’’’, aux championnats du monde à Gwangju en ) ?
Oui, sinon il me sera impossible d’aller chercher une médaille. Mais j’espère que je réaliserai ce temps au bon moment, quand je serai dans ma meilleure condition, à Tokyo cet été.
Est-ce un avantage de ne pas avoir la pression du mode de qualification français ?
Pas forcément. Ok, je peux m’accorder des petits moments de faiblesse, mais l’année est super longue.
Alors, justement, j’essaie de me caler sur le programme français. J’ai réussi à faire le temps demandé par la Fédé française (’’’ sur le m nages), c’est un point de repère.
Quel sera votre objectif à Tokyo ?
Le podium. Mais on est dix à pouvoir le viser. Il y a un favori, c’est le Japonais Daiya Seto, qui avait été monstrueux aux mondiaux (médaillé d’or du et m nages en ). Tant mieux que les Jeux aient été reportés, ça m’a laissé une année de travail en plus pour pouvoir revenir sur lui.
Jusqu’aux Jeux de Tokyo, nous vous présenterons, une fois tous les jours, un athlète azuréen qui joue sa qualification pour les JO. Aujourd’hui, le nageur de l’ONN, champion d’Europe , Jérémy Desplanches.
Quels souvenirs gardez-vous des Jeux de Rio ?
C’était génial, la découverte, un grand kif, mais je savais que je ne pouvais pas viser les finales. Aujourd’hui je suis une tout autre personne, j’ai quelques kilomètres et médailles en plus. Je découvrais le sport de haut niveau. A Rio, j’avais déjà tiré mes cartouches avant les demi-finales (où il avait été éliminé sur le et m nages). A Tokyo, il faudra que j’arrive reposé en finale.
Allez-vous doubler
et m nages ?
Je ne pense pas. Le m nages, je n’apprécie pas du tout. Je vais garder toute mon énergie pour le m nages et sûrement les relais. Ma décision n’est pas définitive, j’attendrai la dernière ligne droite, mais si c’est pour finir e du m nages ou alors e et y laisser des plumes pour le m nages, ce ne serait pas judicieux.
Onestdixà pouvoir viser le podium à Tokyo ”
Comment Charlotte Bonnet a vécu sa non-qualification à Marseille. Avez-vous dû trouver des mots réconfortants ?
Elle était très déçue, mais contrairement à Saint-Raphaël et Nice (les deux courses où elle est également passée très proche de la qualification), je n’ai pas eu besoin de trouver des mots réconfortants. Elle a battu Pellegrini, la
Messi de la natation, pour la première fois de sa carrière et c’est une victoire qui lui a fait du bien. Et de toute façon, elle se qualifiera quand même pour Tokyo aux championnats de France et sera en finale olympique.
Plus jeune, quels moments des JO vous ont poussé vers ce destin olympique ?
Mes parents ne sont pas des sportifs, donc je n’ai pas été élevé dans cette culture, ils ne m’ont pas poussé. J’y suis allé par envie et plaisir. Plus tard, aux Jeux de Pékin en , quand j’avais ans, on se retrouvait avec les autres nageurs pour suivre les courses avec du pop-corn à h du matin. Ça avait de la gueule, ça me donnait envie. Aujourd’hui, mes camarades de l’époque sont devenus entraîneurs et me suivent avec les jeunes nageurs, ça me fait plaisir. Je n’ai jamais idolâtré quelqu’un, mais j’ai toujours apprécié la persévérance et la résilience de Ryan Lochte, qui a nagé dans l’ombre de Michael Phelps. Il a fini par lui prendre le record du monde du m nages (’’’ en , qu’il a ensuite abaissé à ’’’ en ). J’ai déjà nagé contre lui, mais je ne l’ai jamais battu.
Vous êtes installé à Nice depuis . Vous sentez-vous Niçois ? De plus en plus. Aujourd’hui, je ne sais plus si c’est à Génève ou Nice que je me sens le plus chez moi. J’aime la vie ici, les gens sont accueillants et c’est dur de trouver des défauts à la ville.
ROMAIN LARONCHE
Charlotte est déçue mais elle sera en finale olympique ”
“Monaco, c’est très agréable à visiter, mais je n’ai aucune envie de revenir mercredi prochain.”
Dejan Milojevic, coach serbe de Buducnost Podgorica
Textes :
François PATURLE Photos : Jean-François OTTONELLO