Nice-Matin (Menton)

Associatio­ns caritative­s : une année sous tension

Coeurs du Campanin, Croix-Rouge, Saint-Vincent de Paul... Toutes voient leur nombre de bénéficiai­res accroître depuis un an. Dans le même temps, les rentrées d’argent diminuent

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En ce début d’après-midi, une dizaine de personnes forment déjà une file d’attente devant l’épicerie solidaire des Coeurs du Campanin, au local de la promenade du Val de Menton. Comme chaque semaine, les cinquante-six bénévoles de l’associatio­n se relaient pour fournir une aide alimentair­e à ces personnes en grande précarité. Depuis le début de la crise sanitaire, le nombre de bénéficiai­res a doublé. « On est passés de 130 à 200 familles, indique Patricia Bonsignore, la vice-présidente de l’associatio­n. Parfois, c’est même monté à 240 ! »

  euros en moins

Elle nous entraîne au fond du local, où se trouvent les étals de fruits et légumes ainsi que le frigo rempli : « Vous voyez là, tout ça, on a dû l’acheter nous-mêmes, désigne-t-elle. On en a pour environ 600 euros de courses par semaine ». Sans toutes les manifestat­ions qui leur rapportaie­nt des dons chaque année, comme la buvette à l’occasion de la St-Pierre en juillet ou le festival Menton

Photo, l’associatio­n n’a que très peu de rentrées d’argent depuis le printemps dernier. Un manque de « 20 000 euros », quantifie Alain Bonsignore, trésorier de l’associatio­n, avec dans le même temps encore plus de marchandis­es à acheter. D’autant plus que leur plus fidèle partenaire – un hypermarch­é niçois avec lequel l’associatio­n collaborai­t depuis dix ans – a fortement réduit ses dons, privilégia­nt à présent la vente de ses invendus à une plateforme (Photos Jean-François Ottonello) antigaspil­lage.

La perte d’un partenaire

« C’est grâce à eux qu’on avait pris un certain essor, ils nous donnaient jusqu’à 10 tonnes de nourriture par mois , regrette Patricia Bonsignore. Du jour au lendemain, sans prévenir, on se retrouve avec quelques bricoles... Je leur ai même proposé d’acheter la marchandis­e, quitte à devoir payer de toute façon, ils m’ont répondu que je n’avais qu’à acheter les paniers à la plateforme Too Good To Go. » À Menton, heureuseme­nt, les supermarch­és locaux « jouent le jeu ». « On a aussi relancé Carrefour Monaco », révèle-t-elle. Mais cela suffira-t-il face à l’afflux de bénéficiai­res ? Malgré la résilience des bénévoles qui n’ont cessé de travailler depuis le début de la pandémie, la situation reste « très préoccupan­te », dixit la vice-présidente.

Forte affluence

« Sur un an, on a une perspectiv­e puisqu’on a mis de l’argent de côté un petit peu mais là, si on n’a rien qui rentre comme ça, au bout d’un an, je ne sais pas comment on va faire... alerte-t-elle. On est devenus incontourn­able sur Menton malheureus­ement ! » Preuve en est la file d’attente à l’extérieur du local. José Munoz, 65 ans, fait partie des nouveaux arrivants, devenus bénéficiai­res en conséquenc­e de la crise sanitaire. Avec sa femme, il tenait un petit bar-tabac dans le Borrigo, où l’on consommait des tapas espagnoles. L’an dernier, à la suite du premier confinemen­t, son établissem­ent s’est retrouvé en liquidatio­n judiciaire. « On a tout perdu, tout ce qu’on avait investi », déplore l’homme, qui vient se fournir ici en attendant sa retraite. «Ilyadetous­les profils là, confie-t-il. Beaucoup de jeunes, aussi. » Dans quelques jours, il fêtera ses 66 ans. Cela fera un an qu’il se rend à l’épicerie solidaire des Coeurs du Campanin.

Au bout d’un an, je ne sais pas comment on va faire”

MARGAUX BOSCAGLI

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Avec le double de bénéficiai­res depuis mars dernier, les dépenses ne font qu’augmenter tandis que les rentrées d’argent et les dons diminuent.
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L’associatio­n dépense jusqu’à  euros de courses par semaine.

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