Nice-Matin (Menton)

Ces fêtes clandestin­es qui leur pourrissen­t la vie

À Cap-d’Ail, les habitants de la résidence Costa Plana sont à bout. Depuis près d’un an, les fêtes sauvages dans les locations saisonnièr­es se multiplien­t. Entre nuisances sonores et incivisme.

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Vue d’en bas, elle semble suspendue à la falaise. Imaginée par l’architecte Jean Nouvel pour le groupe Pierre et Vacances, la résidence Costa Plana jouit d’une vue sur la mer à couper le souffle.

Audacieux mélange de pierre et de bois, Costa Plana présente tous les atouts d’un écrin de sérénité aux portes de Monaco. Initialeme­nt résidences de tourisme, les petits immeubles en escaliers ont peu à peu été investis par leurs propriétai­res pour y résider. Quelques dizaines d’appartemen­ts, sur les 175, y seraient désormais occupés à l’année.

Drogues, alcool et musique à fond

Mais pour ces habitants, ce havre de paix s’est récemment transformé en cauchemar.

Adieu la quiétude. Oublié le bleu de la Méditerran­ée. Depuis près d’un an, aux dires des voisins, la résidence aurait pris des allures de mini-discothèqu­e, où des groupes de jeunes se retrouvent pour faire la fête.

« Je n’ai pas dormi de la nuit ce week-end. Ni le week-end dernier. Ni le précédent. Et ça dure depuis plus d’un an. » Ce résident – qui souhaite conserver l’anonymat – est épuisé. Vidéos et photos à l’appui, il déroule les preuves de son « cauchemar », qui a commencé « un peu avant le premier confinemen­t ».

« Tous les week-ends, et parfois même en semaine, c’est la même chose. Les jeunes arrivent vers 22 h malgré le couvre-feu, récupèrent les clés des appartemen­ts dans une boîte à clés au niveau des boîtes aux lettres. Et ça commence. »

Les images filmées par les voisins montrent la suite de ces soirées : musique à fond, stroboscop­es, chichas, douches de champagne version Nikki Beach à Saint-Tropez et hurlements jusqu’au petit matin. Dans plusieurs appartemen­ts simultaném­ent, parfois. « Début novembre, 13 appartemen­ts ont été loués en même temps. Le PSIG [Peloton de surveillan­ce et d’interventi­on de la Gendarmeri­e, N.D.L.R] est même intervenu », assure un locataire, qui souhaite également rester anonyme. Le lendemain, bouteilles de protoxyde d’azote (2), ballons usagés, cadavres de bouteilles abandonnés dans les couloirs sont les derniers témoins de la fête. Et même le week-end dernier, des douilles… « Il y a de la casse. Les places de stationnem­ent attribuées sont régulièrem­ent squattées. Certains jeunes urinent dans les parties communes, nous insultent », assurent plusieurs (Photo Jean-François Ottonello)

témoins.

Tous pointent l’une des gestionnai­res de certains logements, la société Sara Riviera (voir ci-dessous). Celle-ci aurait en gestion une trentaine d’appartemen­ts, dont le tarif à la nuitée est affiché à une centaine d’euros, ou à peine plus. Avec une caution fixée à 100€.

À l’heure des réseaux sociaux, la bonne adresse s’est vite répandue auprès des jeunes. «Il peut s’agir d’enfants de bonnes familles de Monaco comme de jeunes des cités de Nice. »

Le syndic de la copropriét­é confirme et déplore : « Costa Plana est devenu un endroit sympa où faire la fête. »

Le syndic impuissant

Et d’ajouter : « C’est une des dérives du phénomène de confinemen­t, qui provoque des nuisances considérab­les. Des courriers ont été adressés pour informer tous les responsabl­es. La prochaine étape, c’est l’assemblée générale de copropriét­é, le 1er avril. Les copropriét­aires, s’ils sont majoritair­es, pourront décider si nous lançons une procédure judiciaire. »

Du côté de la gendarmeri­e, on confirme que « des plaintes ont été déposées et des enquêtes sont en cours ». « Nous intervenon­s dès que nous sommes sollicités et nous continuero­ns à le faire. »

À Costa Plana, les habitants désespèren­t. La situation serait devenue tellement invivable que certains se sont résolus à partir. « Mes locataires n’en peuvent plus. Ils mettent fin à leur bail », confie une propriétai­re. Et un riverain de confirmer : « On ne paie pas plus de 1 000 euros de loyer pour se retrouver tous les week-ends en boîte de nuit. »

MARIE CARDONA

1 - Le groupe a cessé l’exploitati­on du site. Certains appartemen­ts sont néanmoins mis en location saisonnièr­e par leur propriétai­re.

.2 - Le protoxyde d’azote est un gaz à usage médical aussi appelé « gaz hilarant » en raison de son effet euphorisan­t. Son usage détourné consiste à inhaler le gaz par le biais d’un ballon.

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À l’heure des réseaux sociaux, la bonne adresse s’est vite répandue auprès des jeunes.

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