Bac : le grand oral résistera-t-il à la crise sanitaire ?
Gérald Darmanin a de nouveau accusé, hier, la mairie de Strasbourg de « financer une ingérence étrangère sur le sol » français avec l’adoption lundi d’une subvention à la construction d’une mosquée soutenue par une association pro-turque. Invité de RMC/BFMTV, le ministre de l’Intérieur s’est inscrit en faux contre des déclarations de la maire EELV de Strasbourg, Jeanne Barseghian, assurant que Gérald Darmanin ne l’avait pas prévenue de ses réticences à l’égard de la fédération Millî Görüs.
« J’ai eu l’occasion de dire à la maire de Strasbourg (...) que nous ne trouvions pas ça pour le moins amical avec les intérêts français », a-t-il assuré, expliquant que « cette fédération pro-turque n’a pas voulu signer la charte des valeurs de la République ». « Nous considérons, nous, que cette association, n’est plus capable d’être dans le monde représentatif de l’islam de France », a poursuivi le ministre. Ces déclarations de Gérald Darmanin interviennent après que le président Emmanuel Macron a mis en garde mardi sur France contre des tentatives d’ingérence de la part de la Turquie lors de la prochaine élection présidentielle.
Le ministre a affirmé qu’il y avait « particulièrement à Strasbourg (...) des tentatives d’ingérence extrêmement fortes dans notre pays, de la part notamment de la Turquie ». « Nous considérons que cette collectivité (la mairie de Strasbourg) n’aurait pas dû financer une ingérence étrangère sur notre sol. »
En juin, les élèves de Terminale devront passer une toute nouvelle épreuve : le grand oral, « un saut vers l’inconnu » qui en effraie plus d’un. En raison de la crise sanitaire, des voix s’élèvent pour réclamer cette année sa suppression.
« Nous sommes les premiers à connaître la réforme du bac, et donc le fameux grand oral qui a lieu dans trois mois. Mais beaucoup de lycéens ne comprennent pas cette épreuve, et nos professeurs, aussi perdus que nous, ne sont pas en mesure de répondre à toutes nos interrogations, nos inquiétudes » déclare Camille, en Terminale à Versailles.
Deux questions présentées pendant minutes
Le grand oral, mesure-phare du nouveau bac instauré par le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, est une épreuve de 20 minutes qui comptera dans la note finale avec un coefficient 10 en voie générale, 14 en voie technologique.
Les candidats devront présenter au jury deux questions préparées avec leurs professeurs, portant sur leurs deux spécialités : pendant cinq minutes, ils présenteront la question choisie, puis pendant dix minutes, échangeront avec le jury qui pourra évaluer leurs compétences argumentatives. Les cinq dernières minutes porteront sur le projet d’orientation du candidat. Si la crise sanitaire a eu raison des épreuves de spécialité, prévues initialement en mars, le ministre semble résolu à ne pas sacrifier la tenue de cet oral qui, espère-t-il, pourra se dérouler en juin « dans des conditions normales ».
En attendant, la flambée épidémique a conduit le gouvernement à demander aux lycées concernés par le reconfinement régional de ne plus accepter en classe qu’un élève sur deux.
« Une épreuve déconnectée de la réalité »
« Selon les établissements, des classes de Terminale resteront à plein temps en présentiel, d’autres vont passer en demigroupe. Dans ces conditions, comment préparer un examen national de façon équitable ? », s’interroge Claire Guéville, en charge du bac au Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.
« D’autant que cette épreuve est totalement déconnectée de ce que l’on fait en cours au quotidien », ajoute-t-elle.
Son syndicat et d’autres demandent sa suppression, en cette année scolaire rognée par le Covid-19. «En ce moment, nous avons 7 classes fermées, 4 professeurs arrêtés en raison du Covid. La préparation de cet oral est une difficulté de plus », témoigne Emilie Pastor-Pons, professeure d’histoire-géo à Pantin. Certains lycées ont pris des initiatives. « Nous avons eu une matinée de préparation sur l’art oratoire, avec différents exercices théâtraux », raconte Sofiane, en Terminale à Mantes-la-Jolie (Yvelines). « Le plus compliqué reste de choisir les sujets que l’on va devoir présenter en cinq minutes », estime-t-il. « Ça va être le grand saut dans l’inconnu ».