La polémique à l’épreuve des chiffres dans les A.-M.
Alors que l’agence régionale de santé affirme que les 75 ans et plus ont « tous ou presque été vaccinés » dans le département, il apparaît que 50 % de cette tranche n’a pas voulu recevoir de primo-injection.
Le président de la République qui demande à ce que l’on vaccine « matin, midi et soir » .Du coup le maire de Cannes s’octroie le droit d’ouvrir les portes de ses vaccinodromes à tous les « quinquas ». Ce qui n’est pas du goût du ministre de la Santé qui rappelle la règle reste nationale : « priorité aux plus fragiles ». C’est-à-dire aux 75 ans et plus et aux personnes présentant des comorbidités. Du côté de l’ARS, on assure qu’au sein des 75 ans et plus « tous ou presque ont été vaccinés » et c’est d’ailleurs pour ça que l’État a décidé d’ouvrir la vaccination aux 70 ans à compter de ce samedi. L’exécutif avait initialement annoncé qu’à partir d’avril les plus de 65 ans pourraient prétendre à leur dose d’immunité. S’il a coupé la poire en deux c’est sans doute au nom du principe de réalité. Car, au-delà des effets d’annonce des uns et des autres, la réalité chiffrée de la vaccination dans le département est de nature à taire bien des polémiques.
Près de seniors azuréens refusent l’injection
D’après les dernières estimations de l’Insee il y avait, au 1er janvier 2021, très exactement 140 671 personnes de plus de 75 ans vivant dans les Alpes-Maritimes. Or, le portail statistique du ministère de la Santé précise que 79 600 d’entre elles ont reçu au moins une injection, soit 56,59 % de cette tranche d’âge. A contrario , cela signifie aussi que plus de 43 % de cette population particulièrement à risque n’a toujours pas été vaccinée. En outre, moins d’un quart (23,45 %) des plus de 75 ans a reçu les deux doses censées garantir une bonne immunité. Il y aurait donc encore à faire… Même si, en pratique, les prises de rendez-vous émanant de personnes ayant plus de 75 ans semblent
André à Gourdon : « Covid des villes et Covid des champs ? » On commence par la fin (heureuse) : André Chiroleu s’est fait vacciner, hier matin, chez son médecin traitant de Barsur-Loup. À ans, ce Gourdonnais, qui souffre d’hypertension artérielle, attend, désormais, la seconde injection d’AstraZeneca. « À partir du mai », assure-t-il, le délai étant de quatre à douze semaines.
Alors que la vaccination pour les - ans atteints de comorbidités a débuté le mars dernier, ce n’est pas tellement l’attente qui l’a exaspéré : « Il y a eu les + ans qui étaient prioritaires, c’est normal. Puis il y a eu le manque de doses...»
Non, ce qui a passablement froissé le retraité, c’est l’expectative dans laquelle il s’est retrouvé durant de longues semaines... «J’ai commencé à poser les questions à mon médecin fin janvier. Il est, donc, au Bar-sur-Loup et il “pique” au centre de vaccination du Rouret. Pour y accéder, il m’a conseillé de m’inscrire via le site Doctolib. C’est une vraie galère. Je n’arrivais pas à trouver un créneau. A moins, peut-être de guetter chaque minute, chaque seconde...» D’autant plus que, selon lui, le centre dont il dépendait, de par son adresse, se situait, lui, à Coursegoules. « J’ai une amie qui a conduit sa maman de ans se faire vacciner làbas. Mais, ce que je ne comprends pas, c’est qu’on doive rouler km alors qu’il y a un centre au Rouret. » Un manque de clarté, qu’il fustige : « On ne savait plus vraiment où aller. Est-ce qu’on dépendait du médecin traitant ? D’une autre commune ? De la grande ville la plus proche ? » Et qui l’amène à poser cette question : « On est loin de l’organisation des centres urbains et des campagnes massives de vaccination. Y aurait-il une Covid des villes et un Covid des champs ? » P. F. avoir nettement diminué. Tout simplement parce que certains ne veulent pas se faire vacciner. Le chiffre noir des réfractaires au vaccin serait donc loin d’être
Aujourd’hui, c’est le jour J pour toutes les personnes âgées de plus de 70 ans et ne souffrant d’aucune comorbidité : ils peuvent se faire vacciner conformément au souhait formulé, lundi, par Emmanuel Macron d’« ouvrir la vaccination aux 7075 ans ne présentant pas d’autres pathologies ». Cela représente un peu plus de neuf millions de personnes.
Comment s’inscrire ?
La prise de rendez-vous dans un centre de vaccination est ouverte, depuis jeudi, sur le site Internet sante.fr ou une des trois plateformes sélectionnées (Photo Jean-François Ottonello) négligeable : près de 70 000 seniors azuréens !
Plus de ans : ça devrait aller vite
Pour ne pas ralentir les cadences par le gouvernement : Doctolib, Maiia et Keldoc. Le vaccin administré sera alors celui développé par Pfizer-BioNTech ou Moderna, en attendant de les convaincre, l’État a donc décidé d’ouvrir les portes des vaccinodromes à la tranche d’âge inférieure. C’est-à-dire aux personnes âgées de 70 à 75 ans. Toujours selon l’Insee ils sont 67 350 dans le département. Mais en réalité 22 038 d’entre eux, soit près d’un tiers (32,72 %) a déjà reçu au moins une dose de vaccin. Si en outre le taux de réfractaires est le même que chez leurs aînés, pour le coup ça devrait aller vite.
Plus de et ans : la vaccination a déjà commencé sous condition
Alors pourquoi ne pas ouvrir les vannes ? Le risque serait d’avoir à faire face à une déferlante de candidats à la piqûre. Car la tranche d’âge allant de 50 à 69 ans compte 280 000 têtes dans les Alpes-Maritimes. Soit près d’un tiers de la population totale du département ! Un certain nombre d’entre eux ont néanmoins déjà reçu au moins une première injection. Ils sont tout de même plus de 47 000 dans ce cas, soit près de 17 % de cette tranche d’âge.
Dire que les quinquas et sexagénaires n’ont pas accès au vaccin est faux. Eux aussi y ont droit mais sous condition : s’ils présentent des comorbidités ou appartiennent à des catégories de personnels exposés tels que les soignants ou les pompiers.
Reste à savoir combien de temps prendrait la vaccination d’une catégorie aussi importante de la population. Sans doute plusieurs mois même si les cadences se sont accélérées en mars. Elles étaient de 3000 à 6000 injections par semaine en février. Elles sont désormais entre 20 000 et 30 000. Et une nouvelle augmentation des livraisons de doses a été annoncée pour avril. Mais à un moment ce sont les bras qui pourraient manquer pour piquer.
ERIC GALLIANO