Pourquoi les patients sont de plus en jeunes en “réa”
Plusieurs pistes avancées : les effets bénéfiques de la vaccination chez les plus vulnérables, un variant britannique beaucoup plus contagieux et un relâchement des gestes barrière dans la population.
Un constat qui dure depuis plusieurs semaines. En réanimation, les admissions augmentent mais surtout, les médecins constatent un rajeunissement sensible des patients. Un changement de profil notable que le ministre de la Santé a souligné lors de son point presse jeudi.
« Nous constatons un certain rajeunissement des malades admis en réanimation. Avec la campagne vaccinale qui protège graduellement les plus vulnérables, le profil des personnes arrivant en réanimation a changé », a détaillé le ministre de la Santé. « Nous observons une tendance à l’augmentation du risque d’être admis en réanimation quand on est malade entre 15 et 75 ans », a expliqué Olivier Véran.
Ce que constatent les autorités sanitaires
Dans son dernier point épidémiologique national, Santé publique France (SPF) note que dans les tranches d’âge de 15 ans à 74 ans,ilya « une augmentation des taux d’admissions en soins critiques depuis la semaine 03 ». Soit la troisième semaine de janvier. De plus, toujours selon SPF, il y a une tendance à l’augmentation du risque d’être admis en soins critiques, depuis décembre 2020. La tranche d’âge des moins de 65 ans augmente dans ces services si bien qu’ils représentent désormais la moitié des admissions. (Photo Philippe Arnassan) d’admissions observés durant la première vague. Un phénomène également observé chez les 30-39 ans.
Comment expliquer ce rajeunissement ?
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce rajeunissement des patients admis en réanimation. La première et sur ce point, c’est un constat partagé entre scientifiques: les effets de la vaccination des plus vulnérables. À savoir, les personnes de plus de 75 ans, et celles, avec des comorbidités. Cette baisse est surtout visible sur les populations résidant dans les Ehpads.
Ensuite, l’effet du variant britannique. Sur la base des différentes études, l’OMS juge que ce variant est 36 à 75 % plus contagieux. De fait, il contamine plus de monde. Sur le plan de la dangerosité, il semble que cela soit aussi le cas. Une étude publiée le 10 mars dernier conclut qu’il est 64 % plus mortel que le coronavirus classique.
Pour mille cas détectés, le variant anglais provoque 4,1 morts, contre 2,5 pour le coronavirus classique, conclut cette étude publiée dans la revue médicale BMJ. Elle confirme de premières observations faites fin janvier par les autorités britanniques.
Ce que notait aussi Olivier Véran, jeudi, dans son point hebdomadaire : une « légère augmentation de la sévérité de la maladie chez l’adulte jeune lié à la diffusion et aux caractéristiques des variants » . Et d’alerter : « Les jeunes ne sont pas à l’abri. »
Enfin, il est également possible que le relâchement des gestes barrière, soit aussi en cause, dans ce rajeunissement des patients. Alors que les populations plus âgées sont désormais protégées par la vaccination, il a été constaté qu’elles s’isolaient plus que les populations plus jeunes, entre 20 et 65 ans. Des populations qui enregistrent par ailleurs, les taux d’incidence les plus hauts, toutes catégories d’âges confondues.
AMANDINE REBOURG
arebourg@nicematin.fr