Kevin et Karine, proxénète et prostituée « par nécessité »
Deux jeunes du quartier Saint-Roch en galère ont choisi la prostitution pour s’en sortir. Un choix qui a valu hier soir à Kevin, 22 ans, coupable de proxénétisme, six mois de prison et un mandat de dépôt.
(Photo A.-B.J.) moral. Meggie Choutia, procureure de la République, hausse le ton : « L’achat de cadeaux par Kevin T. pour ses proches avec l’argent de la prostitution ne sont pas des achats de première nécessité. » La magistrate constate « une forme de banalisation de la prostitution ». « Il dit désapprouver mais il jouait pourtant le rôle d’intermédiaire et vivait à ses crochets. »
Lourd passé judiciaire
Trois ans d’emprisonnement sont requis au regard « de la gravité des faits et du passé judiciaire de Kevin ». A 22 ans, il présente déjà vingt-neuf mentions à son casier dont une vingtaine quand il était adolescent, essentiellement pour des vols.
Depuis qu’il a cessé ses études à la fin du collège, il admet être oisif. Il explique être en train de s’installer comme livreur de repas à domicile. Son défenseur, Me Bertrand Bermondy en est persuadé : « Ce garçon est sauvable. » « Il n’y a aucun risque de réitération puisqu’il n’est plus avec Karine mais avec une autre jeune femme insérée », souligne l’avocat qui insiste sur « le contexte » de ce dossier. « Il était avec Madame en situation d’errance. Ils ont fait les mauvais choix. Je ne sollicite pas la relaxe, les faits sont constitués, mais évitez lui la prison par une peine aménageable », suggère Me Bermondy. Le tribunal entend en partie l’avocat en prononçant une peine inhabituellement clémente dans ce type d’affaire : six mois de prison. Mais la peine est à exécuter immédiatement. Kévin reste en détention. Karine, en sortant du palais de justice, paraît toujours aussi perdue.
CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr * Les prénoms ont été modifiés