Nice-Matin (Menton)

À Breil, ils font refleurir des couleurs d’espoir

Une grosse opération de fleurissem­ent est en cours dans le village. Le résultat d’un appel au don de végétaux lancé par les associatio­ns de bénévoles pour donner du baume au coeur des sinistrés

-

Sur la place principale de Breilsur-Roya, régnait hier une effervesce­nce inhabituel­le. Une sorte de communion, de concentré de bonne humeur : près de 6 mois après la tempête Alex, les bénévoles d’Aide aux sinistrés, des Weekends solidaires, de Mission trekking, ont fait plus d’une fleur aux habitants du village. Alors qu’une grande collecte de végétaux avait été lancée pour refleurir la Roya, les dons sont venus des quatre coins de France et même de l’étranger. À tel point qu’il a fallu hier pas moins de 12 camions pour acheminer des centaines de végétaux, des fleurs, des arbustes, des arbres fruitiers… jusque dans la vallée. L’objectif : refleurir le village et les jardins des sinistrés. Car si la boue a disparu sous l’action de la solidarité, arbres et végétaux avaient été emportés, laissant un paysage de désolation.

« On a un paysage très terne depuis la tempête. Cette opération, ça va mettre du baume au coeur des habitants, estime le maire, Sébastien Olharan, qui souligne : Non seulement les bénévoles fleurissen­t le village, mais surtout, chose que nous, municipali­té, ne pouvons faire, ils vont refleurir les propriétés privées, mettre des couleurs dans les jardins des Breillois… C’est bien plus que symbolique, psychologi­quement, c’est aussi très important. »

Chaîne humaine

Hier, sur la placette, tout le monde s’y est mis. Chaîne humaine pour décharger les camions de plantes. Pour porter les sacs de terre et les bacs destinés à recevoir les végétaux. Pour rempoter. Damien 12 ans met la main à la terre : « Je viens un week-end sur deux chez mon père qui habite Breil. Alors oui, depuis la tempête, j’aide, je trouve ça normal… Mais d’autres aident beaucoup plus que moi ! » sourit-il. À ses côtés, à la supervisio­n du rempotage, Jérôme Rancati est venu de Mougins. Depuis le début il participe aux actions des Week-ends solidaires. D’abord, il a contribué à déblayer, nettoyer… À la fois pour « prendre l’air » lui qui, « dans l’informatiq­ue » est en télétravai­l, et « pour le côté humain et social. Ça me fait chaud au coeur de participer à tout cela quand on voit comme c’est important pour les gens. Pas seulement l’aide matérielle, mais aussi, simplement, notre présence, notre écoute… »

Plus loin, dans une ruelle, Ghislaine Bicini, avec d’autres bénévoles, répartit les pots de fleurs. Et les photograph­ie. Directrice de l’école (Photos Jean-François Ottonello) maternelle de Levens et enseignant­e de grande section maternelle, ses élèves ont décoré une trentaine de pots de terre, avec des couleurs et des visages rigolos. « Les enfants ont adoré le faire, de savoir que c’était pour faire du bien à d’autres gens… Je fais des photos pour qu’ils voient le résultat de leur action… »

Dans le village, le sourire de Jacky Allavena se devine même avec le masque. Avec les bénévoles, il dépose les plantes fraîchemen­t rempotées dans les pots décorés par des enfants tout le long de la rue du Collet. Sa rue. « Je suis tellement content. Ces escaliers avant, c’était ma grand-mère qui les fleurissai­t. Là, c’est nous tous… » Il montre les portes fermées des maisons en citant les prénoms de chacun de ses voisins. « Ça va leur faire plaisir de voir ça. La peinture sur les pots, les fleurs… Ça fait du bien, ça met des couleurs, de la vie… »

« Le renouveau est là »

Plus loin, dans le quartier de l’Isola où les mini pelleteuse­s sont encore à l’oeuvre, Marie-Noëlle et André Gisbert retrouvent un peu leur jardin. « Avec mon mari quand on a vu l’étendue des dégâts on s’est dit que c’était fini. Qu’on devait partir. Et puis sont arrivés les bénévoles », se souvient Marie-Noëlle. «Ils étaient 100, peut-être même 200. Ils ont déblayé des tonnes de glaise. Sans eux on aurait jamais pu faire tout ça. On avait demandé des devis : 30 000 euros rien que pour enlever la terre ! On n’aurait jamais pu. Je suis née ici dans ce vieux moulin à farine. C’est grâce aux bénévoles que je pourrai y finir mes jours… » Elle pour qui le jardin est « toute sa vie » voit sa terre refleurir. Les pots arrivent. Les couleurs sortent de terre. « Regardez… La pelouse est en train de reprendre petit à petit… Le renouveau est là… » Et il gagnera bientôt toute la vallée.

YANN DELANOË 1) Le secours populaire, la Croix rouge et le Rotary de Saint-Laurent-du-Var étaient notamment partenaire­s.

 ??  ?? Plus que des fleurs, c’est un peu de réconfort qui a fleuri hier à Breil.
Plus que des fleurs, c’est un peu de réconfort qui a fleuri hier à Breil.

Newspapers in French

Newspapers from France