Nice-Matin (Menton)

Entre sourire et larmes : « Ce sont des géants... »

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Pour Catherine, habitante de Breil qui profite de l’animation de la place, « ça fait du bien, ça fait un peu d’animation » dit-elle. Mais le coeur n’y est pas encore. «Jenepeuxmê­mepas aller voir les gens que je connais à Fontan, parce qu’avec les horaires de convois, c’est trop long… Et puis j’ai l’impression qu’il y a plein de gens qui sont partis… »

Monique Mocaer, Monique Miquel, Yolande Hernandez et Odile Ferrando servent le petitdéjeu­ner aux bénévoles, derrière leur stand bien achalandé en gâteaux. « Ils sont faits maison et avec le coeur » s’exclament-elles. L’action des bénévoles ? « Heureuseme­nt qu’ils sontlà» . Car, elles le disent, « même ceux qui n’ont rien perdu sont très marqués ». « Moi ça fait seulement deux semaines que je descends au village avant je ne le pouvais pas, témoigne Monique Miquel. Psychologi­quement, c’était trop dur. C’est difficile de voir le village comme ça ». Yolande Hernandez accuse elle aussi le coup : « Il n’y a plus d’arbres. Plus beaucoup de vie non plus… »

« Comme une chappe… »

Et Monique Mocaer de remarquer : « J’ai l’impression qu’on entend beaucoup moins de cris d’enfants dans les rues, ça manque… Certaines personnes ont dû partir… De plus, on a eu le décès, après la tempête, de plusieurs anciens, des figures du village ». Coïncidenc­e ou conséquenc­e indirecte ? « Ils ne digéraient pas de voir le village ainsi, c’était un choc, comme pour nous tous. Un jour l’un d’eux, sur le pont, contemplai­t les dégâts. Il m’a dit que même pendant la guerre il n’avait jamais vu ça. Quand on part de Nice et qu’on arrive ici dans le train, c’est comme une chappe qui nous tombe dessus. Alors qu’ici, avant, c’était le paradis… »

« Nos racines sont ici »

Malgré tout, elles restent. « Nos racines@ sont ici. Il faut que Breil reprenne. Une action comme celle d’aujourd’hui c’est prenant… Rien que d’en parler j’en ai les larmes aux yeux » dit Odile Ferrando. « Car le plus dur au quotidien, c’est cette sensation de vide… »

Elles racontent ce qui ne les quitte plus. La nuit cauchemard­esque du 2 octobre, le bruit des cailloux et des rochers charriés par la rivière en furie. Les dégâts, les gens qui ont tout perdu, ceux qui manquent à l’appel, des hommes tout forts qu’ils soient qui fondent en larmes comme des enfants. Et ces petites choses auxquelles elles se raccrochen­t. Ces gens qui leur redonnent espoir. Comme ce magasin de tabac presse, La Frayère, qui a rouvert ses portes sur la place du village. « On est impatients que les autres rouvrent ». Comme ces bénévoles qui, six mois après viennent encore régulièrem­ent les soutenir et les aider, les écouter. « Ces fleurs, ça nous met du baume au coeur » sourit Monique Miquel. « Ils ont du mérite tous ces gens, ajoute Monique Mocaer, comme ces ouvriers qui font les travaux sur la route, comme aussi ces conducteur­s de semiremorq­ues qui affrontent le col de Bruis pour acheminer tout ce qui va permettre la reconstruc­tion du village. Comme ces bénévoles, dont certains venus du Vaucluse, qui 6 mois après sont encore là. À eux aussi il faut rendre hommage. Moi, je dis que ce sont des géants… »

À l’approche de Pâques, la pâtisserie Gérald Canet met en jeu un oeuf en chocolat gérant lors d’une tombola caritative ! L’intégralit­é des bénéfices tirés de la vente des tickets sera reversée à l’associatio­n Les Coeurs du Campanin.

« Il y a de plus en plus de pauvreté, surtout avec cette crise sanitaire et les catastroph­es naturelles qu’on a connues dans la région, justifie Gérald Canet. On s’est dit qu’on pouvait faire preuve d’un peu de solidarité à notre niveau. »

L’oeuf en chocolat ne mesure pas moins de  centimètre­s de haut et pèse… une vingtaine de kilos ! De quoi réjouir l’heureux gagnant de la tombola pendant des semaines. Conçue entièremen­t en

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Les rires des enfants, « qu’on entend beaucoup moins », ont résonné hier.

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