Nice-Matin (Menton)

Mois d’avril sans école

-

Dans le monde d’avant, il aurait fallu une finale de la Coupe du monde ou la dernière ligne droite de The Voice pour que toute la famille se retrouve ainsi vissée à l’écran.

A Contes, Jess, 32 ans, Denis 40 ans et leurs deux enfants, Giulian, 10 ans et Lucas, 12 ans (le plus petit Eden est déjà dans les bras de Morphée) s’étaient préparés à l’allocution présidenti­elle comme à une sorte de fatalité : « On le sait, quand c’est lui qui intervient en direct à la télé, c’est qu’il n’y a rien de bon à en attendre ».

Tout l’après-midi, Jess a tiré des plans sur la comète sanitaires. Partagée entre la raison - « J’ai eu la Covid et je sais à quel point ce virus est une fichue cochonneri­e », confesse la jeune maman – et l’espoir qu’elle sait déraisonna­ble que le mot fin s’inscrive enfin au générique d’une année « pourrie ». Lorsqu’enfin, après une « introducti­on dont il aurait pu nous faire grâce », Emmanuel Macron entre dans le dur, qu’il évoque la fermeture des écoles et des collèges, Jess ne parvient pas à retenir ses larmes.

« C’était écrit, mais, à force de nous faire croire qu’on y échapperai­t c’est devenu inacceptab­le. Très violent ! », lâche la jeune maman avant de prendre son cadet dans les bras. A 10 ans, Giulian est sous le choc. L’annonce de la fin de l’école, fût-ce pendant trois semaines pour lui qui est encore écolier, a des airs de fin du monde. Plus d’école, plus de foot dans son club de village : c’est trop. Trop dur !

Quelques secondes avant qu’Emmanuel Macron n’apparaisse dans le salon de la famille, Jess et Denis parlaient pourtant d’une même voix : « Regarde en Angleterre, ils ont pris des mesures super dures, comme celles qu’on avait subies au printemps dernier, mais ils voient le bout du tunnel, eux ! Plus un mort à Londres depuis une semaine... Nous, on nous a fait croire qu’on était les plus forts et qu’avec nos petits bras, tout en continuant à vivre dans un monde semi-normal, on allait passer outre l’explosion de la pandémie, et voilà le résultat. Ce soir, s’il nous reconfine durement, les gens ne comprendro­nt plus », tempête Denis.

« J’emmène mes gosses sur le chantier ? »

Auto entreprene­ur dans le BTP, le quadra, fou de foot qui entraîne des U9 à Contes, scrolle son compte Twitter dans l’espoir d’y découvrir le résultat des courses avant qu’Emmanuel Macron n’ait agité le drapeau à damier sanitaire. Mais, sans être devin, il sent sur sa nuque le couperet.

Quand il tombe, c’est la stupeur. « C’est en janvier qu’il fallait

 ??  ??
 ??  ?? A Contes, pour la famille réunie devant la télévision, l’annonce d’Emmanuel Macron arrive « si tard » qu’elle en devient « violente ».
A Contes, pour la famille réunie devant la télévision, l’annonce d’Emmanuel Macron arrive « si tard » qu’elle en devient « violente ».

Newspapers in French

Newspapers from France