Nice-Matin (Menton)

Roland Cayrol : « Le Président assez conforme à lui-même »

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Le politologu­e Roland Cayrol, directeur de recherche associé au Centre d’études de la vie politique française, décrypte l’allocution présidenti­elle.

Comment jugez-vous la prestation d’Emmanuel Macron ?

Je l’ai trouvé assez conforme à lui-même : il a voulu montrer qu’il avait une ligne, que sa volonté est, et a toujours été, de protéger les Français. Avec toujours cette volonté d’expliquer que l’on prend des décisions en regardant l’évolution de l’épidémie, en évaluant et en s’adaptant. Le tout en essayant de ne pas dramatiser. À aucun moment, par exemple, il ne dit : on ferme les écoles. Mais, pourtant, il le fait avec cette idée de période de vacances commune et de calendrier décalé.

Il a beaucoup parlé de responsabi­lité de chacun et martelé le mot effort... Ça aussi c’est une constante macronienn­e : dire et redire la confiance qu’il a dans les citoyens, de dire que c’est à eux de lutter contre l’épidémie. Il met en avant en permanence le binôme soignantsc­itoyens, à qui il ne cesse de rendre hommage. Eux, ce sont les acteurs du mieux-être et l’État est là pour encadrer. Et, hier soir, il s’agissait de faire comprendre aux Français que l’encadremen­t de cette phase-là serait le dernier, avant la sortie du tunnel. Il donne la date du  mai : d’ici là, il faut que les Français aient le sentiment d’un mieux. Responsabi­lité de chacun et accélérati­on de la vaccinatio­n.

Et il a répondu aux questions d’actualité, notamment sur l’hôpital... La pression médiatique et médicale était très forte depuis une quinzaine de jours, il fallait y répondre. Oui, il en a convenu, l’hôpital est surchargé, mais tout est sous contrôle.

La France n’est pas en situation de trier les malades, par exemple. En clair, nous ne sommes pas au niveau de la première vague.

Il a beaucoup comparé et loué la stratégie française à celle des autres pays, comme sur l’éducation Oui, il le fait, mais non sans raison ! C’est vrai que la France est le pays qui a le plus maintenu les écoles ouvertes.

En revanche, il est revenu sur la territoria­lisation pour les mesures sanitaires

En ça, il revient en arrière. Il a eu sans arrêt des hésitation­s depuis le début de la crise : nous avons eu successive­ment à ce sujet un Macron jacobin, puis un Macron girondin. Mais, il y avait une grande pression de règle simple, forte et claire. Donc on revient à des restrictio­ns qui touchent la France entière.

A-t-il eu raison de prendre la parole alors que depuis quelque temps il laissait son Premier ministre et le ministre de la santé en première ligne ?

C’est le jeu permanent de la Ve République. Les Français s’y sont habitués : c’est le chef qui décide. Quand ce n’est pas lui qui parle, tout le monde attend le chef. Et quand c’est le chef, on trouve que ce n’est pas démocratiq­ue. Les deux sont vrais ! À la fois on veut que le Premier ministre et même le Parlement jouent un rôle, mais l’opinion attend quand même la prise de parole du Président. Et il fallait qu’il s’exprime, c’était le moment. STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

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