Pr Jean Dellamonica, réanimateur
« À force de crier au loup, et mettre en réa des patients qui ont besoin d’oxygénation intensive, on aggrave la pénurie ! », s’emporte le Pr Jean Dellamonica, chef du service de réanimation médicale de l’hôpital l’Archet 1 à Nice, à l’annonce de l’augmentation des lits de réanimation. Selon ce spécialiste, plutôt qu’appeler à ouvrir de nouveaux lits de réa, extrêmement gourmands en personnel (déjà épuisé), il faudrait se préoccuper de placer les « bons » malades au bon endroit. « Les services de réanimation ne devraient accueillir que les patients les plus graves intubés, ventilés, dialysés… Les patients ayant besoin d’oxygénation intensive, aujourd’hui hospitalisés en réanimation, peuvent être efficacement pris en charge dans des services un peu moins lourds, nécessitant un personnel soignant moins nombreux : 2 infirmières pour 8 patients en SICO [Soins intensifs Covid, ndlr] contre 2 pour 5 patients en réanimation… Si on mettait en réanimation le Pr Jean Dellamonica, chef du service de réanimation médicale de l’hôpital l’Archet à Nice. (Photo N.C.)
les seuls patients intubés, on libérerait de la place dans ces services et on éviterait de se retrouver contraint de bloquer 70 millions de Français. »
Une vision un peu schématique, mais destinée à alerter sur une gestion optimisable des capacités hospitalières. « Il faudrait aujourd’hui analyser l’occupation des lits, en fonction de la sévérité des patients », propose le Pr Dellamonica. Avant de rappeler que si à l’hôpital l’Archet, c’est plus de 10 fois plus de malades atteints de formes graves de la Covid-19 qui ont pu être pris en charge par rapport à la première vague, c’est grâce à cette nouvelle organisation. « Nous avions initialement 10 lits de réanimation, nous en avons désormais 13, mais surtout nous avons ouvert des lits hors réanimation dans lesquels sont accueillis des malades ayant besoin d’oxygénation intensive. Soit 16 lits supplémentaires. » Et autant de possibilités d’absorber plus sereinement le flux de malades, en attendant que la vaccination ne nous soulage de la chappe de plomb qui pèse sur nos quotidiens.
NANCY CATTAN