Nice-Matin (Menton)

Italie : un catenaccio sanitaire pour Pâques

Le week-end sera classé rouge, avec restrictio­ns maximales. À Vintimille, le moral est en berne. Les Français ont totalement disparu et l’économie se meurt, faute de soutien d’État puissant.

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L’Italie se claquemure de nouveau. Un catenaccio sanitaire pour les trois jours du week-end de Pâques qui sera classé en « zone rouge » dans tout le pays, soit en confinemen­t le plus trict. Des restrictio­ns maximales pour les Transalpin­s. Mais aussi pour ceux qui auraient encore l’intention de franchir la frontière. Mardi, le ministère italien de la Santé a annoncé qu’une quarantain­e de cinq jours serait imposée aux voyageurs en provenance des pays membres de l’Union européenne. Au pied de l’imposant crucifix en bois du XVe siècle, et dans la lumière un brin mystique qui baigne l’église Sant’Agostino de Vintimille, le père Don Ferruccio Bortolotto se veut fataliste : « Pour nous, en Italie, cela signifie rester enfermés trois jours. Oui, c’est pénible, mais si c’est pour le bien commun...»

L’horreur de la crise

L’horreur de cette crise, Don Ferruccio Bortolotto la subit. « Dans les 15 derniers jours, j’ai célébré dix funéraille­s de malades de la Covid. Avec des conséquenc­es dramatique­s, parfois, dans les familles. »

Ainsi vont la vie, et la mort, à Vintimille. Moral en berne, les Italiens s’apprêtent à s’enfermer pour ce week-end pascal. « Inimmagina­bile. » Pour nos voisins italiens, Pâques est synonyme de rassemblem­ents familiaux et de hordes de touristes.

« Des Français, je ne sais pas ce que c’est », se désole pourtant Maurizio, 33 ans, vendeur de primeurs sous les halles couvertes de Vintimille. Il a ouvert son étal en septembre. Avec l’espoir que la crise se calmerait. «Etje n’ai quasiment pas vu un Français depuis. » Maurizio a dû prendre un petit boulot le soir, en extra. Sa femme, qui travaille avec lui, donne de son côté des cours de piano. Deux boulots chacun. « On dort quatre heures par nuit. » Maurizio s’inquiète pour leur enfant de six ans. « Vous savez, s’il n’y a pas d’argent, la famille ne va pas bien. On rentre avec le stress à la maison. Et l’école est fermée, alors on doit aussi jouer le rôle de professeur. »

Un peu plus haut, en remontant la via Roma, Antonio Pannuccio est bien seul, bras croisés, devant son bar-pizzeria « Moderno ». Le Facebook de son établissem­ent regorge de photos de soirées festives, entre amis. Terrible contraste. Trois génération­s se sont succédé à la tête de l’établissem­ent. Il redoute pourtant que le bar ne résiste pas à ce tempo pianissimo. « Nous avons peu d’aides de la part de l’État. Pas comme en France. Si l’été est à l’image de l’an dernier, nous pourrons nous maintenir. Dans le cas contraire, cela va être très compliqué. »

Vintimille la sinistrée

(Photos G. L.)

Dans une des innombrabl­es boutiques d’alcool, nous croisons une Niçoise.

Limitée à 10 kilomètres en France, elle ne coche aucune des raisons valables pour être là. Mais elle n’a, pas plus que nous, été contrôlée par les carabinier­s. Leur présence est pourtant visible à la frontière.

Elle est venue acheter de l’alcool chez « Coppo 1896 », la boutique de Gian Piero, située via della Repubblica.

Les Français représente­nt en temps normal 80 % de sa clientèle. Il n’en voit plus que trois, quatre par jour. « Nous avons des stocks d’alcool sur les bras. »

Les salariés de la boutique alternent périodes de chômage et de boulot. L’argent de l’État tombe quand il peut. « J’ai des amis qui ne vont pas tenir. Ils n’ont pas d’argent depuis décembre », soupire Gian Piero.

Vintimille la frontalièr­e, Vintimille la sinistrée, se meurt de l’absence des Français. Ne reste que la prière. Et la vaccinatio­n. La pandémie a fait plus de 108 000 morts dans le pays.

GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

(Photo Patrice Lapoirie)

peu avant 6 heures du matin.

Il est interpellé et placé en garde à vue. Lors des perquisiti­ons, les forces de l’ordre ont retrouvé deux fusils à son domicile, et deux autres dans son garage. S.N.

Il s’est fait connaître sur les réseaux sociaux en brûlant des billets de banque et se vantant d’être millionnai­re. Iteb Zaibet [photo AFP] ,néà Nice il y  ans, s’est construit un personnage poussant à l’extrême les stéréotype­s des rappeurs américains. Son talent musical ? Très accessoire puisque l’individu, couvert de bijoux, a construit son éphémère notoriété sur ses frasques filmées en vidéo et le monogramme d’une marque de luxe française tatoué sur son crâne. Détenu à Tunis depuis juillet  dans la prison Mornaguia, le rappeur Swag Man a été reconnu coupable, lundi, d’escroqueri­e et blanchimen­t selon la presse locale. La justice tunisienne l’a condamné à cinq ans d’emprisonne­ment et   dinars d’amendes (  €). Il n’a pu justifier de la provenance des fonds –  millions de dinars – qu’il souhaitait transférer de Suisse sur un compte bancaire tunisien. Iteb Zaibet,  ans, est né à Nice où il a grandi avec sa soeur jumelle dans le quartier Pasteur.

Il s’est ensuite lancé dans une carrière d’influenceu­r sur Internet, vantant sa réussite financière supposée, s’inventant une vie d’orphelin et des origines brésilienn­es, prenant par moments le pseudonyme de Rayan Sanches, posant au volant de Bentley ou de Lamborghin­i. Des mensonges sans conséquenc­es au contraire de sa prétendue expertise en matière de placements financiers. Il aurait su convaincre des fans de lui confier leurs économies qu’il était censé faire fructifier. La réalité semble plus prosaïque puisqu’une trentaine d’entre eux a déposé plainte pour abus de confiance.

Ch. P. chperrin@nicematin.fr

 ??  ?? L’église Sant’Agostino de Vintimille ne pourra accueillir plus de cent fidèles à l’intérieur pour la messe de Pâques. En haut à droite, Antonio, patron de bar résigné. Dessous, Gian Piero, il n’a quasiment plus de Français dans sa boutique d’alcools.
L’église Sant’Agostino de Vintimille ne pourra accueillir plus de cent fidèles à l’intérieur pour la messe de Pâques. En haut à droite, Antonio, patron de bar résigné. Dessous, Gian Piero, il n’a quasiment plus de Français dans sa boutique d’alcools.
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