Nice-Matin (Menton)

Bloquée au Maroc, cette Niçoise demande un rapatrieme­nt

La fermeture soudaine des frontières, mardi dernier, a laissé sur le carreau nombre de Français. Sherhazade, infirmière niçoise, venait rendre visite à une proche mourante.

-

Le message, posté lundi 29 mars, a eu l'effet d'une douche froide. « Dans le cadre des mesures préventive­s prises par le Maroc contre la propagatio­n de la pandémie de la Covid-19, les vols de passagers en provenance et à destinatio­n de la France et de l'Espagne seront suspendus à partir de demain 30 mars 2021 à 23 h 59, et ce jusqu’à nouvel ordre. » Le tweet du ministère des Affaires étrangères marocain a plongé Sherhazade Essaber, une infirmière libérale niçoise de 34 ans, dans la consternat­ion et l'impuissanc­e. C’était lundi soir.

Un ami lui envoie un message de Paris : « Tu n’es pas près de revenir...» Elle découvre alors la situation : aucun organe officiel ne l’avait informée. Sherhazade était partie pour dix jours, le 26 mars, au Maroc, à Casablanca, au chevet d’un proche mourant, décédé depuis. Elle avait emmené ses enfants de 2, 4 et 9 ans. « Il était 23 heures, aucune compagnie n’était ouverte à cette heure, et le lendemain, on était le 30, le jour de la fermeture des lignes...»

Plus aucun vol

Sherhazade se précipite le lendemain matin au comptoir de la Royal Air Maroc, à l’ambassade de France et chez Air France. «Ils n’avaient plus de vols, il fallait attendre des vols de rapatrieme­nt. » Au passage, on l’informe que son billet retour initialeme­nt prévu sera soit perdu, soit remboursé à titre d’avoir. Pour repartir avec ses enfants, elle doit débourser la somme de 1 350 Sherhazade s’insurge contre cet abandon des pouvoirs publics marocains et français. « C’est inadmissib­le ! J’ai affaire à des bureaucrat­es qui nous laissent en plan alors qu’ils prétendent faire le nécessaire ! » L’infirmière libérale, qui s’occupe à Nice-Est d’un groupement d’infirmiers, a dû trouver un remplaçant en catastroph­e. Elle tente de gérer à distance, alors que la Covid-19 fait rage à Nice. À l’ambassade de France, elle dit avoir rencontré un couple de jeunes Français, venus au Maroc rapatrier leur père décédé de la Covid, et se retrouvant bloqués, eux aussi, avec leur enfant handicapé. Sherhazade, hébergée chez des proches, continue les démarches pour tenter de trouver une solution plus rapide. La jeune infirmière a préréservé un vol de rapatrieme­nt pour le 11 avril. Aucune possibilit­é plus tôt, faute d’accord avec les autorités marocaines. Le prix est exorbitant : 1700

« Je pense à ceux qui n’ont pas les moyens, comment font-ils ? », s’insurge-t-elle. « À l’ambassade, quelqu’un à l’accueil m’a dit que je n’avais pas à aller au Maroc en pleine crise sanitaire... Vous imaginez ? Je dirai ça à la personne que je viens de perdre, partie là-haut », conclut-elle, écoeurée. GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

 ??  ?? Sherhazade, infirmière libérale niçoise, est bloquée au Maroc à cause de la fermeture soudaine des frontières.
Sherhazade, infirmière libérale niçoise, est bloquée au Maroc à cause de la fermeture soudaine des frontières.
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France