Nice-Matin (Menton)

Australie : « Vivre, c’est comme le vélo »

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La magie de WhatsApp. Visio avec Brisbane. À 16 458 km de Nice, d'une France sous cloche sanitaire, la scène en arrière-plan de Coline, 33 ans, Niçoise expatriée en Australie depuis deux ans est saisissant­e. Un pub. Des gens qui vont et viennent. Trinquent. Dansent au son d'une mixtape électro. Éclats de voix, rires en cascades. Comme une autre planète. « On est encore parfois étreint par ce que les militaires appellent le syndrome du choc post-traumatiqu­e. Mais on réapprend à vivre ! Et c'est comme le vélo ! ».

Retour dans le monde d'avant donc : resto, discothèqu­e, concert... Coline, qui travaillai­t à Melbourne pour une start-up française avant d'être nommée à Brisbane le mois dernier, confesse que le prix de cette liberté sanitaire fut élevé.

Si l’Australie n’a recensé qu’un peu moins de 30 000 cas de Covid depuis février 2020 et 909 décès (pour 23,5 millions d’habitants), le confinemen­t a duré, avec de rares « éclaircies » près de huit mois sur douze. « Pour les Australien­s, c'était déjà très dur. Ici, ce n'est pas 135 euros mais 2 000 dollars que tu encourais en cas d'infraction aux règles sanitaires. Ça calme. Pour des expats comme nous, isolés à des milliers de kilomètres de chez eux, sans aucune possibilit­é de rentrer en France, ce fut parfois l’enfer. Avec de gros coups de déprime. »

Reconfinab­le avec effet immédiat

D'où le syndrome du choc post-traumatiqu­e qui plane... encore. La faute aussi au concept de « snap lockdown » que les Autorités ne se contentent pas d’agiter.

Snap comme claquer des doigts. Lockdown comme confinemen­t. L'extrême rigueur sanitaire ici n'a sans doute pas d'autre équivalent, sauf peut-être en Israël. Mercredi dernier, alors que le monde d'avant avait repris son cours à Brisbane depuis plusieurs semaines, le gouverneur du QueensLand est apparu à la télévision. Dix minutes plus tard, un reconfinem­ent strict était décrété avec effet immédiat. «Ona eu cinq heures pour s'y plier. Midi, il l'annonce. 17 heures, on est de nouveau sous cloche en un claquement de doigts. Certes, ce n'est que pour trois jours, nous dit-on. Le temps de contrôler qu'un cluster de dix-huit cas – sur les deux millions d'habitants que compte l'État – ne relance pas la pandémie. Mais c’est chaud ! »

Libre et pourtant enfermé

Trois jours plus tard, ce confinemen­t éclair sera levé. Le cluster maîtrisé, tout rouvrira

Coline se souvient ainsi de l’histoire de cette jeune femme qui, il y a deux mois, avait lancé un appel à une manifestat­ion numérique contre les mesures sanitaires. Pas une manif dans la rue, non. Juste un rendezvous protestata­ire digital sur Facebook. «Niunnideux,la police a fait une descente chez elle. Enceinte jusqu’aux yeux, est arrêtée, menottée comme si elle était la complice de Scarface. Son mari a filmé la scène. Ça a fait le buzz sur la toile quelques heures. Si Macron ou Merkel osent un truc pareil, c’est la révolution. » Et pourtant, c’est le quotidien de la guerre absolue que les autorités australien­nes mènent contre la Covid. Coline qui avoue ne pas être experte en épidémiolo­gie ignore si c’est cette extrême rigueur sanitaire qui a eu raison de la pandémie en Australie.

« Là tout de suite, j’ai juste envie d’oublier ces huit mois d’enfermemen­t et profiter d’un monde qu’on avait fini par croire révolu. »

Pour autant, sans parce qu’elle en fut victime elle-même – « à un moment, je n’avais qu’une idée en tête c’est rentrer chez moi à Nice » –, elle ne peut s’empêcher d’avoir une pensée émue pour les quelque 40 000 Australien­s qui, se trouvant à l’étranger lors du déclenchem­ent de l’épidémie, ne sont toujours pas autorisés à rentrer chez eux puisque les frontières aériennes restent bouclées à double tour. doute

(DR) coudes, on s’y résigne, mais, début mars, tout le monde sera déconfiné. « L’engagement était tellement ferme que les Israéliens étaient convaincus que chaque renoncemen­t à une partie de leurs libertés était une pierre qui construisa­it le monde d’après. »

Ne plus parler, penser, rêver Covid !

Cette feuille de route ayant été respectée, la libération sanitaire d’Israël est désormais totale. Tel Aviv vibre comme avant. Comme jamais.

Munie de son passeport sanitaire vert – comme tous les Israéliens qui soit ont été vaccinés, soit ont été contaminés –, Meygan avoue avoir été frappée d’une boulimie de sorties lorsque la libération a sonné : « Le tout premier soir, on s’est retrouvé entre copines au Johnny Boy, un bar branché de Tel Aviv. Une magnifique soirée de la légèreté retrouvée. » Puis une virée en boîte de nuit. Et, il y a quelques jours, un concert de Omer Adam, la star absolue des charts israéliens, « Oui, un vrai concert avec des gens qui chantent et dansent autour de toi ! »

La vie, tout simplement ! « Pendant un an, on avait fini par ne parler, penser, rêver Covid ! Là, c’est fini. C’est indescript­ible ! »

 ??  ?? À Brisbane, Coline et son compagnon Devlin, ont retrouvé une vie normale... Même si, à tout moment, des reconfinem­ents aussi éclairs que stricts peuvent être réinstauré­s.
À Brisbane, Coline et son compagnon Devlin, ont retrouvé une vie normale... Même si, à tout moment, des reconfinem­ents aussi éclairs que stricts peuvent être réinstauré­s.
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 ??  ?? Pour Meygan, la jeune azuréenne installée à Tel Aviv, « la vraie libération, c’est enfin ne plus parler, penser, rêver uniquement Covid. »
Pour Meygan, la jeune azuréenne installée à Tel Aviv, « la vraie libération, c’est enfin ne plus parler, penser, rêver uniquement Covid. »

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