Nice-Matin (Menton)

Une «re-reconversi­on» pour Frédéric Quattrocch­i

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Depuis quelques mois, Frédéric Quattrocch­i a un nouveau bureau : son bateau, amarré sur le Vieux Port de Menton, « sous son clocher » comme il se plaît à dire. Sur la terre ferme, face à l’embarcatio­n, sont installés une petite table et un stand sur lequel il expose à la vente ses trouvaille­s chaque matin, du mardi au dimanche. Ce jour-là, il proposait un beau mérou, pas mal de rougets, quelques mulets… « Des poissons de roche, de plage et d’algue, résume-t-il. Je fais juste de la pêche côtière, entre la frontière et Cap d’Ail, Beaulieu… Je pêche au filet, à la palangre et aux nasses, de  à  mètres de profondeur. »

Ex gardien de stade

Si le reconverti maîtrise aussi bien son art, c’est qu’il l’a pratiqué pendant plusieurs années déjà, avant de se tourner vers un peu plus de stabilité en rentrant au service des sports de la Ville. « Déjà enfant, je traînais ici, j’étais toujours à la pêche, se remémore-t-il. J’avais envie

Frédéric Quattrocch­i.

de changement et puis, j’ai eu cette opportunit­é pour devenir gardien de stade en journée à la mairie. J’ai pensé aux horaires fixes, aux semaines de congés, aux week-ends… Je me disais que j’allais faire du sport, garder la pêche pour mon temps libre. »

Pendant huit ans, Frédéric Quattrocch­i a alors fait «sa petite vie comme tout le monde ». «Çanem’apas déplu, c’était bien, appuie-til. Mais ce n’était pas… Au bout de quelques années, je m’ennuyais. Sur la mer, on n’a pas le temps de s’ennuyer ! » Lorsqu’il se projette, (Photo Margaux Boscagli)

le fonctionna­ire réalise qu’il ne se voit pas passer les vingt prochaines années de sa vie à ce poste. La pêche, surtout, lui manque trop. La crise sanitaire viendra conforter ce sentiment : « Pendant le premier confinemen­t en mars dernier, je voyais la mer vide, les collègues qui pêchaient… » .Àans,cenatif de la cité du citron décide alors de quitter son emploi à la mairie pour renouer avec sa passion d’antan. Une

« re-reconversi­on », plaisante-t-il. Un retour aux sources, tout simplement. Mais le changement, lui, n’est pas si facile dans les faits. Avant tout, l’ancien pêcheur doit revalider ses diplômes, se mettre à jour des nouvelles normes de navigation et de sécurité. Ce projet a aussi un coût :

« Le bateau, la licence, le matériel… J’ai tout racheté ».

Confinemen­t bénéfique En juillet dernier, alors qu’il quitte officielle­ment la

Ville de Menton, Frédéric Quattrocch­i peut profiter d’une mer plus calme que jamais, du fait des confinemen­ts successifs. «Ilyavait moins de bateaux, relate-til. À Monaco, par exemple, il n’y a pas eu le Yacht Show ou le Grand Prix donc beaucoup moins de passages. Ça fait du bien au milieu. » Au niveau de la vente, néanmoins, c’est « un peu plus dur ». Il n’y a plus que des locaux comme clientèle.

Les restaurant­s, à qui le pêcheur vendait au départ ses récoltes, ferment aussi :

« Je me suis alors installé un petit stand vite fait pour pouvoir vendre directemen­t sur le port. Maintenant, je pense rester comme ça. Ça marche bien, les gens sont contents et avec la crise sanitaire, la demande accroît un peu. Le week-end, on voit des jeunes, des personnes qui aiment cuisiner. Je pense que les gens n’ont plus trop envie de faire marcher les gros ».

Indépendan­ce retrouvée À présent, malgré le rythme bien différent de sa vie de bureau d’avant et les levers aux aurores, le pêcheur profite de son indépendan­ce retrouvée… « J’ai l’avantage de faire un peu les horaires que je veux, confie-t-il. Il y a des contrainte­s parfois mais je suis plutôt libre. Si j’ai besoin de quelques jours, je peux aussi les prendre. Je n’ai pas à demander la permission à qui que ce soit. »

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