Pourquoi Emmanuel Macron va supprimer l’ENA
Comme il l’avait promis il y a deux ans, le Président a annoncé hier la fin de l’École nationale d’administration, créée en 1945. Elle sera remplacée par l’Institut du service public.
Adieu les « Énarques » : il l’avait promis après la crise des « gilets jaunes », Emmanuel Macron l’a fait. Le Président a annoncé hier qu’il allait « supprimer l’ENA » pour la remplacer par un« Institut du service public » et réformer la carrière des hauts fonctionnaires, pour un État plus ouvert, plus divers et plus agile.
On ne verra plus de jeunes de 25 ans propulsés à des postes à haute responsabilité : les diplômés de l’ISP devront d’abord passer plusieurs années dans des fonctions opérationnelles sur le terrain avant de pouvoir accéder aux postes de direction, a expliqué le chef de l’État, lui-même énarque. « Le président ne souhaite pas que des personnes qui n’auraient jamais exercé auparavant » viennent « du haut de leur trentaine asséner des sentences et distribuer des bons et mauvais points », a souligné un conseiller.
« Une révolution »
La prestigieuse École nationale d’administration, qui depuis 1945 fournit au pays ses plus hauts dirigeants, y compris quatre des six derniers présidents, était devenue le symbole d’un entre-soi au pouvoir. Le 25 avril 2019, Emmanuel Macron avait créé la surprise en annonçant sa suppression et la fin des grands corps (Conseil d’État, Cour des Comptes, Inspection
des finances, Mines, Ponts etc.). Devant les 600 cadres de la haute administration réunis en visioconférence pour la Convention managériale de l’État, il a déclaré hier que le nouvel ISP assurerait le socle de formation commun de tous les élèves administrateurs de l’État. Qu’ils soient préfets, ambassadeurs, recteurs ou directeurs des administrations et des grands corps.
L’ISP devra « sélectionner des profils moins déterminés socialement », a-t-il affirmé. Il intégrera un tronc commun à 13 écoles de service public. Ce sera « une révolution profonde en termes de recrutement », a souligné le chef de l’État.