Nice-Matin (Menton)

Il met le feu au bar et brûle un client à vie

Tribunal correction­nel. Un chef barman avait enflammé le comptoir du « Jimmy’z », en 2019. Une victime avait été atteinte par un jet d’alcool et possède des sequelles à vie.

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Ajouer avec le feu, on finit par brûler... un client. Tel Prométhée, un chef barman du « Jimmy’z » s’était prêté aux souhaits d’un consommate­ur afin de mettre de l’ambiance avec quelques poussées d’adrénaline et intensifie­r le désir des flammes.

Mais en oubliant de jouer la carte de la prudence, le quadragéna­ire se mettait dans une situation aux conséquenc­es très embarrassa­nte.

Un mois à l’hôpital

Le 4 août 2019, vers 2 h 40, il allumait le feu après avoir déversé de l’alcool ménager sur le comptoir dans ce temple du clubbing. Comme la combustion était insuffisan­te, il rajoutait du liquide inflammabl­e. Un jet aspergeait une personne proche du bar. Sa chemise s’enflammait.

Malgré l’interventi­on de proches et des services de sécurité, la victime avait 12 % de sa surface corporelle altérée par l’action du feu. Transporté­e par hélicoptèr­e au service des grands brûlés, elle passait un mois à l’hôpital SainteAnne de Toulon, dans des souffrance­s intenses.

La prise de risque était, corollaire obligé, largement abordée par le président Florestan Bellinzona à l’instructio­n du dossier. D’après l’enquête, l’animation n’avait jamais généré d’accident et le chef barman réfutait toute responsabi­lité.

Mais à l’audience, sous l’insistance du magistrat et la projection des images de vidéosurve­illance dans le prétoire, le prévenu a reconnu que l’accident pouvait être évité. Il s’est dit surpris et sous le choc tellement les images étaient fortes.

« C’était improvisé, a-t-il lâché. D’habitude il y a plus de préparatio­n et de précaution pour ce genre d’animation. L’expérience est regrettabl­e et pouvait être évitée. D’ailleurs, cet épisode imprévisib­le n’a jamais été renouvelé et j’ai arrêté... À cause de la Covid, je ne travaille plus depuis le mois d’octobre, car je suis saisonnier. »

Brève apparition du plaignant à la barre pour évoquer les quatre mois d’ITT, ses douleurs, l’obligation de porter des vêtements de contention depuis deux ans. Et une vie qui ne sera jamais comme avant.

Relayé par son conseil, Me Sarah Filippi a mis en exergue l’inconscien­ce du barman et l’inquiétude qui découle de son retour d’activité profession­nelle.

Une amende de   euros le sursis évité

« Il veut se dédouaner et renvoyer la balle à la victime. Certes, la SBM a été très légère dans cette affaire et elle a sa part de responsabi­lité. Greffes et douleurs permanente­s ont marqué l’existence de ce jeune homme pour toujours. » L’avocate a réclamé une somme de 78 000 euros pour réparer «la fin d’une joie de vivre » et une expertise.

Dans cet incident tragique, le premier substitut Cyrielle Colle a également soulevé l’absence de mesures de sécurité comme le manque de formation pour un exercice qui réclame une rigueur absolue.

« Que de négligence­s ! Rajouter de l’alcool sur un feu avec des clients autour, c’est grave. Il y aurait pu y avoir plusieurs victimes. On ne peut mettre en danger une population parce que l’on fait ailleurs de telles expérience­s ou parce qu’elles sont postées sur les réseaux sociaux. »

La parquetièr­e ne se contentera pas d’un rappel à la loi. Une peine avec sursis de quatre à cinq mois assortie du sursis est sollicitée. Le tribunal a réduit la sentence à une amende de 3 000 euros. Les juges ont tenu compte des circonstan­ces accidentel­les et estimé que le prévenu ne devait pas endosser l’unique responsabi­lité.

JEAN-MARIE FIORUCCI *Assesseurs :Mes Françoise Dornier/Virginie Hoflack.

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Fermée depuis le printemps  et le début de la pandémie, le Jimmy’z a toujours sa réputation de centre névralgiqu­e de la fête en Principaut­é.

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