Nice-Matin (Menton)

Rothen : « Monaco, c’est la

Aujourd’hui, l’AS Monaco et Monaco-Matin s’unissent derrière le hashtag #PartoutTou­jours pour faire vivre la communauté de supporters des Rouge et Blanc à travers le monde. Qui de mieux pour parrainer l’opération que la « patte gauche », grand artisan de

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Entre 2002 et 2004, sa patte gauche a nettoyé quelques lucarnes et distillé les caviars à ses compères d’attaque de l’AS Monaco (Giuly, Morientes, Nonda, Prso…), jusqu’à lui ouvrir les portes de l’équipe de France. Une épopée européenne qui hérisse encore le poil des supporters. Si son départ pour le PSG avait brusqué quelques fans, les relations se sont apaisées avec le temps et Jérôme Rothen jouit d’une réelle cote d’affection à Monaco, son « club d’adoption ». Il faut dire que le garçon n’a jamais renié son amour du club et ne manque pas de le rappeler au micro de RMC, où il anime Rothen régale et débat dans l’After foot.

À l’heure où Monaco-Matin lance un partenaria­t avec l’AS Monaco sur les réseaux sociaux (lire page suivante), entretien avec un Rothen toujours aussi entier, généreux et passionné, qui décrit son lien avec les fans de l’ASM, à commencer par le premier d’entre eux, le prince Albert II, à l’aube d’une fin de saison qu’il pressent heureuse. Même si la Covid contraint les fans à vivre leur passion à distance... « Il y a un réel manque. C’est une drogue cette communion avec le public. Quand tu es joueur de foot, tu vis aussi pour ça. Les supporters, c’est leur objectif du week-end. Combien vivent que pour leur club et n’ont plus ça? Ce qui me donne de l’espoir, c’est que des pays, certes loin de la France, arrivent à remettre des gens dans les stades. C’est une grosse bouffée d’oxygène. »

Quelle image du stade Louis-II et des supporters avais-tu à ton arrivée de Troyes à Monaco ? Pour moi c’était la classe Monaco, à l’image de la ville et de la famille princière. J’avais pu jouer dans ce stade atypique avec Caen et Troyes et je connaissai­s le contexte de cette petite ville qui compte des supporters fanatiques, qui forcément ne sont pas  . Je savais aussi que Monaco était une place très forte du championna­t de France. Quand tu veux devenir profession­nel, tu essayes d’avoir un plan de carrière et je ne dis pas que j’avais coché d’office la case de Monaco, mais ça fait partie des grands clubs à côté desquels tu mets une croix. C’était une fierté.

Un tremplin jusqu’à l’équipe de France en l’occurrence. Exactement. En plus il y avait des personnes charismati­ques, à commencer par le président JeanLouis Campora, que je ne remerciera­is jamais assez. C’est toujours plus facile de trouver tes repères dans un club quand tu as un président de sa trempe. Et puis j’avais Didier Deschamps comme coach. Il m’avait fixé des objectifs très élevés le jour où j’ai signé. Le premier était de mettre un pas en équipe de France et au bout d’un an, j’y étais!

Tu as rapidement noué des liens avec les supporters ?

Jouer au football, c’est ta passion et c’est un spectacle avant tout. Et le spectacle, il est aussi dans les tribunes. La communion est importante entre les joueurs et les supporters et fanatiques. Ce sont des gens qui sont là tout le temps. L’âme du club leur appartient.

C’est eux qui la transmette­nt et donc il ne faut pas être coupé du monde quand t’es joueur. J’avais une superbe relation avec eux, une proximité. Je me souviens les sorties dans le souterrain, quand on gagnait les supporters venaient pour échanger ; après les défaites pour nous secouer. Ça fait partie du jeu et moi ma franchise m’a toujours servi sur ce côté-là. Le seul bémol, c’est au moment de mon départ au PSG. J’ai pu avoir des paroles maladroite­s, mal interprété­es. Des gens ont pensé que j’avais dit qu’il n’y avait pas de supporters par rapport à Paris. Alors que pas du tout.

Tu as été blessé ?

D’être pris en grippe à chaque match, oui ça me blessait. Mon départ a été mal perçu et ça a duré quelques années malheureus­ement. Quand je revenais avec Paris, je peux te dire que je prenais des bonnes broncas. Dans certain stade ça permet de te transcende­r mais pas là, c’est le seul stade où j’avais joué, revenais, et prenais des sifflets. À la fin de ma carrière ça c’est calmé. C’est l’essentiel. Et paradoxale­ment, c’est le club que je pense avoir marqué le plus sportiveme­nt, où j’ai atteint le plus haut niveau.

Tu as aussi passé ton temps à défendre ce club qui, derrière les préjugés, est suivi par ses fans en Ligue  comme en Europe.

J’ai toujours défendu Monaco. Les gens ne se rendent pas compte qu’il y a une connaissan­ce du foot à Monaco. C’est dans les moeurs et tu as besoin d’avoir des beaux joueurs, une équipe qui joue bien et avec une solidarité qui est peutêtre supérieure à la moyenne sur le terrain. Franchemen­t, à part ma première année quand je suis arrivé, après une fin de saison compliquée qui imposait à Didier de rajeunir le groupe, j’ai connu le stade Louis-II quasiment tout le temps plein. C’est important de le rappeler. En Ligue , il y avait du monde ! Quand ils ont été champions avec Jardim et en demi-finale de Ligue des Champions, le stade était rempli.

Et mine de rien ce stade fait son effet quand il s’emballe…

Ah oui ! Ça, je te le confirme ! Je ne parle même pas de la Ligue des Champions parce que là on a passé des soirées incroyable­s. Il y avait énormément de communion et d’émotion. Ce stade vibrait. Les derbys contre Nice, les matchs contre Marseille, il y a eu des sacrées ambiances ! D’ailleurs j’ai joué dans beaucoup de stades où il y avait une piste d’athlétisme. Je trouve qu’elle te casse l’ambiance, alors qu’à Monaco non.

Des fans tu en as aussi croisé beaucoup à l’extérieur et à La Turbie.

Il y a de grosses communauté­s de supporters monégasque­s en France. En Bretagne, par exemple, le parcage visiteurs était toujours rempli, ce qui n’était pas le cas d’autres grands clubs. Y compris au niveau européen. À La Turbie, j’ai souvenir d’avoir croisé des gens qui faisaient des milliers de kilomètres pour nous voir. C’est incroyable ! Les vacances scolaires, c’était rempli tout le temps. Quand t’es joueur de foot, t’adores ces moments-là. Échanger, prendre des photos, rendre heureux des gosses.

L’âme du club appartient aux supporters ”

Et aujourd’hui ?

Les gens me parlent beaucoup plus de ma finale de Ligue des Champions en  que d’autres équipes dans lesquelles j’ai pu évoluer et qui ont quand même marqué les esprits. En fait Monaco a aussi cette spécificit­é d’être le seul club, je pense, où tu peux te permettre d’être supporter du PSG et aussi de l’AS Monaco. Peut-être tout simplement parce que Monaco c’est la classe. Comme cet écusson sur ce maillot historique.

Tu as toujours des attaches fortes à Monaco, non ?

J’y retourne souvent et je pense même que j’y finirai mes jours. C’est une région que j’apprécie et j’ai des amis sur place.

PROPOS RECUEILLIS PAR

THOMAS MICHEL tmichel@nicematin.fr

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- : Jérôme Rothen au sommet de son art à Monaco, et dans le coeur des supporters.

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