« Préserver notre ciel étoilé pour pratiquer l’astronomie »
Un CV long comme le bras. Eric Lagadec est vice-président du conseil scientifique de l’observatoire de la Côte d’Azur, membre de l’université Côte d’Azur et président de la société française d’astronomie et d’astrophysique. C’est en cette qualité qu’il a préparé une discussion autour de la préservation du ciel nocturne. Elle se tiendra cette semaine, à Vienne (en Autriche), au sein du comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique de l’ONU.
En quoi va consister cette rencontre sur la préservation du ciel étoilé ?
Les lumières des villes et les satellites envoyés dans le ciel gênent le travail des astronomes. Ils provoquent de la pollution visuelle et électromagnétique. Pour vous imager, c’est comme si vous essayiez de regarder un ver luisant avec les feux d’une voiture en plein visage. Il n’y a aucun traité qui permette de préserver le ciel étoilé et donc, l’astronomie. Le but, c’est d’ouvrir les consciences à ce sujet et d’avoir une réglementation. Il ne s’agit pas de taper sur ceux qui envoient ces satellites mais de travailler avec eux sur ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter.
Dans le département des Alpes-Maritimes, vous parvenez encore à observer le ciel ? L’astronomie s’exerce le plus loin possible de la civilisation. Aujourd’hui, les villes s’étendent. L’observatoire de la Côte d’Azur est un centre de recherches. Pour observer les étoiles, on va sur le plateau de Calern, audessous de Gourdon. Puis, les Maralpins ont de la chance. Ils ont à côté la réserve internationale du ciel étoilé « Alpes Azur Mercantour ». Il existe endroits dans le monde à avoir obtenu ce label. Observer ce ciel la nuit, c’est magnifique. Je souhaite à tout le monde de voir la Voie lactée au moins une fois dans sa vie.
De quelle autre façon l’observatoire de la Côte d’Azur oeuvre pour la préservation du ciel ? L’observatoire va s’engager, avec le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), à former un groupe de travail pour la protection du ciel. Cela permettra notamment de s’assurer du fonctionnement optimal du futur radiotélescope SKA, l’un des plus grands projets astronomiques des décennies à venir. Ce radiotélescope géant sera construit en Afrique du Sud et en Australie, afin de sonder notre univers et de mieux comprendre sa formation.
PROPOS RECUEILLIS
PAR ORNELLA VAN CAEMELBECKE