Nice-Matin (Menton)

Reçu à l’oral, Cyril Hanouna tente sa chance à l’écrit

L’animateur star de C8 cosigne « Ce que m’ont dit les Français », un livre qui dévoile les coulisses de ses émissions. Entre coups de coeur, coups de sang et polémiques mal éteintes.

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Quand l’audience baisse, je sens les téléspecta­teurs partir comme si je me vidais de mon sang ». Cette image, glissée dans les premières pages de l’ouvrage, donne le ton : parfois emphatique, souvent excessif, mais traversé, de-ci de-là, par quelques éclairs de franchise.

Roi du petit écran, Cyril Hanouna publie Ce que m’ont dit les Français(1) avec l’éditoriali­ste Christophe Barbier. Objectif : raconter les coulisses et l’évolution de son émission, Touche pas à mon poste (TPMP), mais aussi répondre aux critiques dont il fait l’objet.

Comment avez-vous travaillé avec Barbier ? Vous cosignez ce récit, mais on ne lit que votre témoignage…

Christophe est à l’initiative de ce livre. Je lui ai déballé mes souvenirs, il a pris les éléments, il a tout vérifié, tout organisé, puis il m’a prêté sa plume pour mettre ce récit au propre. Il a fait un travail extraordin­aire !

TPMP est une « émission de divertisse­ment », dites-vous.

N’y a-t-il par une contradict­ion entre divertir et informer ?

Au contraire ! À l’école, c’est avec les profs capables de déconner qu’on apprend le mieux. On peut rigoler sur un plateau tout en abordant des sujets importants. C’est comme dans la vie. J’essaie toujours de jouer sur les deux tableaux, parce que c’est plus facile de faire passer des choses graves derrière un sourire.

Dans le premier chapitre, vous décryptez votre méthode de travail : un oeil sur Twitter, un autre sur les audiences en temps réel. Est-ce le bon moyen pour aller au fond des problèmes ?

Ça ne nous empêche pas de creuser les sujets autant que nécessaire. Le conducteur de l’émission est très souple : je peux prévoir quatre thèmes et n’en traiter qu’un seul, si j’estime que cela en vaut la peine. C’est très intuitif.

Je ne cherche jamais à meubler.

Vous présentez TPMP comme une agora citoyenne. Selon vous, toutes les expression­s sont légitimes dans le débat public ? Oui. C’est le propre d’un débat. Si on empêche l’expression publique de certaines opinions, elles résistent et cherchent d’autres moyens pour s’exprimer. Tout le monde doit pouvoir dire ce qu’il pense.

Les extrémiste­s, écrivez-vous, racistes ou complotist­es, se

« décrédibil­isent » d’eux-mêmes sur votre plateau. Comment pouvez-vous être certain que leur discours ne séduira pas une partie des téléspecta­teurs ?

Lorsque ces gens-là s’expriment sur les réseaux sociaux, ils disent ce qu’ils veulent sans être contredits. Sur le plateau de TPMP, en revanche, il y a des chroniqueu­rs qui leur apportent cette contradict­ion.

J’ai la faiblesse de penser que lorsqu’on confronte les opinions, on peut faire évoluer les positions des uns et des autres. Faire société, c’est faire un pas vers l’autre.

L’un de vos chapitres s’intitule : « TPMP est ouvert à tout le monde, sauf aux cons ».

Vous avez une méthode infaillibl­e pour les repérer ?

Absolument pas ! [Il rit] Selon moi, les vrais cons sont ceux qui pensent détenir la vérité et qui refusent de débattre.

Vous consacrez un chapitre à l’affaire Mila(). À l’antenne, vous avez dit : « Pour moi, c’est de la merde ce qu’elle a fait, c’est inadmissib­le. » Sa mère vous a répondu dans Le Point :

« La meute est lâchée, Hanouna lui délivre un permis de chasse ». Vous n’avez aucun regret ?

Je n’ai jamais de regret. J’ai dit ce que je pensais à ce moment-là. Je peux aussi évoluer sur ma façon de penser. [Il soupire]

Ma position est claire : ce que cette ado a subi est inacceptab­le. Le fond du problème, c’est la violence qui peut se déchaîner sur les réseaux sociaux. On peut être menacé de mort pour un mot ! Je m’insurge aussi contre le fait que Mila ait été utilisée comme porte-drapeau contre l’islam. Elle n’avait que seize ans…

Vous n’avez pas songé à l’inviter sur votre plateau, deux ans après, pour la faire témoigner ? La faire venir, ce serait l’exposer à nouveau. Je ne veux pas remettre une pièce dans la machine.

Vous évoquez une « jeunesse en détresse » fragilisée par la Covid. Quelles solutions au constat que vous dressez ?

Je n’ai pas de solution. Je ne suis qu’un intermédia­ire qui permet aux doléances de ces jeunes gens d’atteindre les décideurs.

Vous mentionnez, à plusieurs reprises, votre influence sur les responsabl­es politiques. Est-il sain que les dirigeants se positionne­nt en fonction d'une émission de divertisse­ment ? Ils ont plusieurs sources ;

TPMP en est une. Ils savent que je porte une voix différente.

Faire société, c’est faire un pas vers l’autre”

Chez moi, tout le monde paraît cool et sympa”

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