Ils convoitent votre
Il fait l’objet de démarchages parfois abusifs et constitue une cible pour les cyberdélinquants : le Compte personnel de formation, désormais crédité en euros, suscite beaucoup d’intérêt.
De nombreux Français ont (re-) découvert, cet été, l’existence du Compte professionnel de formation (CPF), à l’occasion de la conversion d’un crédit d’heures de formation, qu’ils ont accumulé au fil de leur carrière professionnelle, en euros. Les salariés du public et du privé avaient jusqu’au 30 juin (date finalement de quelques jours en raison d’un bug provoqué par un trop grand nombre de connexions) pour convertir, sous peine d’être perdu, ce crédit horaire sur leur espace sécurisé.
Cette somme pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros, énoncée dans « l’espace personnel » du CPF et qui dort sur un compte géré par la Caisse des dépôts et consignations, a donné envie à certains salariés de parfaire ou compléter leur formation existante ; à d’autres, d’acquérir de nouvelles compétences dans une période de crise sanitaire propice à la remise en question professionnelle.
SMS, téléphone, e-mail…
Avec 38 millions d’actifs en France en possédant un, le CPF représente une manne financière pour les organismes de formation. Publicités sur les réseaux sociaux, mails, SMS, appels téléphoniques incessants frisant le harcèlement, – malgré une loi sur le démarchage téléphonique abusif promulguée il y a un an, mais dont l’efficacité reste à prouver – : qui n’a pas été approché au moins une fois ces derniers mois ? « J’étais tenté par une formation en langue à la rentrée, mais sans aucune notion d’urgence, témoigne Mathias, Niçois de 41 ans. J’ai répondu à un SMS, pensant d’ailleurs qu’il s’agissait de la plateforme CPF. Depuis, un organisme de formation ne cesse de me rappeler. J’ai dû bloquer son numéro. »
Mais « vous bloquez un numéro, ils rappellent avec un autre, peste son amie Anaïs. Il faut faire très attention, car il s’agit souvent d’une arnaque. »
Attention aux escrocs
Les comptes personnels de formation fraîchement crédités suscitent en effet la convoitise des escrocs. Au point que les vrais sites Internet de formation, tout comme la plateforme officielle, ne cessent d’appeler à la vigilance en diffusant des messages d’alerte. De quoi ternir l’image des vrais centres de formation et freiner les inscriptions ? «Non» , rassure notamment Alain Palacios, le fondateur niçois de l’un d’eux. La demande est bien forte. MATHILDE TRANOY mtranoy@nicematin.fr plateforme officielle.
(Photo d’illustration Gilles Traverso)
c’est pesé : sept heures d’apprentissage du Web et des réseaux sociaux, contre 996 euros prélevés sur son CPF. Gladys coche la case « Accepter ».
Mais, de retour chez elle, la trentenaire en parle à son mari. Et profite du délai de sept jours pour se rétracter. « Si je témoigne, c’est parce que je ne supporte pas qu’on m’ait vendu quelque chose en profitant de ma crédulité », glisse-t-elle, un brin vexée.
Pour une amie de Gladys, la proposition a été encore plus cash : « On lui a suggéré de souscrire à une formation bidon et de partager l’argent 50-50 au black. » Forte de cette mauvaise expérience, qui s’est heureusement terminée sans dommages, Gladys encourage chacun à être très prudent. Et incite, en cas de doute, à se rétracter dans les sept jours.
GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr