Nice-Matin (Menton)

« Il m’a trahi ! » : la diatribe de Janowski contre Eric Dupond-Moretti

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L’attaque a eu lieu le 6 mai 2014, vers 19 h 10, devant l’hôpital l’Archet 2 à Nice, où Gildo Pallanca Pastor était hospitalis­é. Une enquête hors norme s’en est suivie. Elle a abouti à vingttrois interpella­tions. Puis à huit condamnati­ons. « Je ne suis pas coupable, M. le président. Je suis innocent ! L’avocat va tout vous expliquer. »

Premier jour du procès Pastor en appel, premières déclaratio­ns pour Wojciech Janowski. Le gendre d’Hélène Pastor maintient sa position exprimée en première instance, ici même, devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône : non, il n’a pas commandité l’assassinat de la milliardai­re monégasque. Et non, il n’a pas digéré la plaidoirie de Me Eric Dupond-Moretti. Le célèbre pénaliste, désormais ministre de la Justice, avait assuré la défense de Wojciech Janowski à l’automne 2018. Au moment des plaidoirie­s, coup de théâtre : Me Dupond-Moretti déclarait son client « coupable d’avoir commandité l’assassinat d’Hélène Pastor. Ces mots que vous attendiez de lui sortent de ma bouche ». Janowski aurait donc ordonné un assassinat, et non deux. Mais Janowski s’en est défendu. Il a porté plainte contre Me Dupond-Moretti, et fait appel à Me Jean-Jacques Campana pour prendre sa suite.

« Il n’a même pas lu le dossier ! »

Hier après-midi, à Aix-enProvence, le président Patrick Ramael invite les accusés à indiquer leur position. Tour à tour, chacun confirme sa version en quelques mots.

Janowski, lui, se montre bien plus disert. A 72 ans, dont sept ans et demi de réclusion criminelle, Wojciech Janowski a perdu de sa superbe. Mais l’exconsul de Pologne à Monaco retrouve du peps, et une certaine fluidité en français, pour régler ses comptes avec « Acquittato­r ». Il se lance dans une diatribe contre Eric Dupond-Moretti.

« Mon avocat a plaidé coupable sans me consulter. Il m’a trahi ! Il m’a demandé un mandat à signer deux jours avant le procès. J’ai refusé. Je n’ai rien fait ! Je lui ai demandé de ne pas plaider coupable. Il a plaidé pour lui-même. Il n’avait aucune connaissan­ce du dossier. Rien, rien. Il n’a même pas lu le dossier ! Sans mandat, il a cru bon d’avouer à ma place ma participat­ion à l’assassinat de Mme Hélène Pastor. Sans doute pour justifier sa réputation, en ajoutant un acquitteme­nt pour M. Mohamed Darwich ».

Au cas où subsistera­it encore un doute, le président Ramael demande à Janowski s’il ne reconnaît pas les faits. «Du tout! Du tout ! », martèle l’accusé principal, condamné à perpétuité en première instance.

Il a désormais quatre semaines d’audience pour convaincre les jurés que ses aveux en garde à vue étaient infondés. Il aura fort à faire. Aujourd’hui, les enquêteurs de la PJ de Nice vont retracer l’enquête hors normes qui l’a désigné comme le commandita­ire de ce double assassinat.

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Me Jean-Jacques Campana à son arrivée, hier, à la cour d’assises des Bouches-du-Rhône.

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