Castex rencontre le pape, en pleine tempête pour l’Église de France
Le Premier ministre Jean Castex, accompagné de son épouse, a été reçu hier matin en audience privée au Vatican par le pape François, juste après les révélations retentissantes sur les abus sexuels dans l’Église catholique en France. « On a évoqué évidemment la situation de l’Église en France, le rapport Sauvé. Son discours consiste à dire que c’est courageux de la part de l’Église de France d’avoir fait son travail. Il fait confiance à l’Église de France pour tirer les conclusions. Il se réjouit qu’il n’y ait pas de déni », a déclaré le Premier ministre à l’issue de l’audience au cours de laquelle les deux hommes ont échangé en espagnol.
« Ce n’est pas un scoop : l’Église ne reviendra pas sur le dogme du secret de la confession. Mais il faut à tout prix trouver les voies et moyens pour concilier cela avec le droit pénal, le droit des victimes. Il en a tout a fait conscience. C’est un travail au long cours », a-t-il ajouté.
« Honte » et « douleur »
La visite de Jean Castex, prévue de longue date afin de célébrer le centenaire du rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège, a été bousculée par l’actualité après la publication le 5 octobre des conclusions de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase). Le rapport Sauvé dresse un état des lieux « accablant » en estimant à quelque 216 000 le nombre de mineurs victimes de prêtres, diacres et religieux depuis 1950 en France. Le pape François a exprimé sa «honte» et sa « douleur » après la publication de ce rapport. En France, le débat s’est aussi noué autour du secret de la confession, que le président de la Conférence des évêques de France (CEF) Emmanuel de Moulins-Beaufort avait jugé « supérieur aux lois de la République », avant de rétropédaler.
Le Vatican lui-même marche sur des oeufs : d’un côté, un formulaire de signalement de délit a été mis à disposition de tout ecclésiastique en juillet 2020 ; de l’autre, le Saint-Siège a confirmé la primauté du secret de la confession, le confesseur étant simplement encouragé à « tenter de convaincre le pénitent » d’alerter des personnes en mesure, elles, de saisir la justice.
Jean Castex, qui a indiqué avoir invité François en France, lui a offert un maillot signé de Lionel Messi, le compatriote du pape argentin qui évolue désormais au PSG, ainsi qu’une première édition illustrée par Tony Johannot de NotreDame de Paris, le roman de Victor Hugo, datant de 1836.
Le pape lui a offert une mosaïque représentant des vignerons. Jean Castex a ensuite visité la chapelle Sixtine et la basilique SaintPierre en compagnie du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et du chef de la diplomatie JeanYves Le Drian.